jeudi 5 juillet 2012

L’ETI, horizon indépassable de la réindustrialisation


PMI : vous ne faites
 pas le poids  !
« Le 5 mars 2008 est une date historique » dit Yvon Gattaz, fondateur de l’ETI Radiall et aujourd’hui président de l’Asmep-Eti, syndicat des entreprises de taille intermédiaire. C’était hier soir lors d’une (passionnante) conférence sur les ETI organisée par La Fabrique de l’Industrie, le think tank présidé par Louis Gallois.

Date historique donc car c’est le jour où les entreprises de taille moyenne ont commencé à exister en tant que telles en étant enfin reconnues et désignées par l’acronyme ETI (entreprises de taille intermédiaire, soit entre 250 et 5000 salariés).

Yvon Gattaz raconte comment depuis 1936, date de sa naissance, le concept de PMI a d’une certaine façon mis en France sous le boisseau  les fameuses entreprises taille moyenne pour lesquelles il s’est toujours battu. On ajoutera qu’à leur détriment, dès l’après guerre le conseil de la résistance a choisi de faire des grands groupe les champions nationaux français. Le succès a été au rendez-vous, mais tout cela s’est fait au détriment des entreprises moyennes, prises en étau entre les PMI et les grandes entreprises.

Ce rappel historique est très éclairant. Il montre que ce n’est pas un hasard si les ETI font gravement défaut en France. Inversement il est source d'optimisme. Maintenant que les ETI sont devenues l'alpha et l'oméga de la réindustrialisation et que les choix politiques penchent en leur faveur, on peut rêver qu’une politique ad hoc donne des résultats aussi significatifs que celle qui a conduit à faire de la France le champion des grands groupes.

Pour être bref, je me contenterai aujourd’hui de souligner quelques données fort significatives égrenées hier.

Les ETI représentent en France
- 23% de l’emploi salarié, soit 3 millions de salariés
- 61% des entreprises cotées
- 80% des ETI sont des entreprises patrimoniales
- 25% des dépenses de R&D
- Et 41% d’entre elles sont industrielles

En outre dit Yvon Gattaz par rapport aux autres, elles ont
- Une rentabilité  du capital supérieure
- Un meilleur taux de valeur ajoutée
- Un meilleur taux d’investissement (24% pour elles, 20% pour les grands groupes, 16% pour les PME)
- Une meilleure capacité d’autofinancement
- Une stratégie de long terme
-
Bref l’ETI c’est le paradis de la réindustrialisation !

Jean-Yves Gilet, responsable du fonds stratégique d’investissement (FSI), fonds souverain qui fait du financement des ETI une priorité, ajoutait hier quelques chiffres intéressants. Il y a en France :
- 4600 ETI soit deux fois moins qu’en Allemagne
- Si on retire les filiales de grands groupes français et étranger il en reste 1000 considérées par le FSI comme « stratégiques »
- Si on regarde les ETI purement industrielles, il en reste 740
- Si on regarde, par filière, quelles sont les ETI industrielles à fort potentiel il en reste 300, sur lesquelles se polarise précisément le FSI

Si vous voulez en savoir beaucoup plus sur le sujet, je vous recommande le petit livre de 77 pages dont certains des chiffres sont issus et que vient tout juste de publier le FSI. Vous pouvez vous procurer auprès de lui.

Intitulé « Pour la croissance des ETI » il est comme son nom l’indique au cœur du problème français. Car le problème est bien celui-là. Puisque ces entreprises sont si performantes comment s’arranger pour qu’elles croissent (les deux tiers d’entre elles ne comptent encore que moins de 500 salariés). Et comment faire pour que les PME franchissent le pas ? On pourrait aussi ajouter : comment faire pour favoriser les ETI sans pénaliser les grands groupes ?

On aura l’occasion d’y revenir, d’autant que c’est une des missions que s’est donnée le ministère du redressement productif.

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