vendredi 6 juillet 2012

ETI : qu'est ce qui coince ?


Jean-Yves Gilet : "osez l'ouverture
de votre capital"
Je reviens sur la soirée de La Fabrique de l’Industrie consacrée aux ETI, objet du post d'hier, cette fois pour rapporter quelques propos qui s’y sont échangés.

Sur les raisons qui expliquent l’absence de croissance en taille des PME et des ETI, Pierre Deschamps, responsable de la CCI de Paris a émis quatre hypothèses :
- La problématique des seuils sociaux (qui ne jouerait toutefois qu’un rôle mineur)
- Le fait que les patrons de PMI, habitués à être « seuls maîtres à bord » rechignent à voir leur entreprise grossir, ce qui limite leur pouvoir et complexifie la gestion
- Les besoins en financement
- Le fait que patrons de PMI et ETI sont très peu ouverts à l’arrivée d’administrateurs externes

Jean-Yves Gilet, responsable du FSI ajoute pour sa part que les ETI familiales hésitent à ouvrir leur capital et pense qu’il est regrettable qu’elles limitent leur croissance à l’autofinancement. « Il faut oser l’ouverture en capital » les exhorte-t-il.

 Un patron d’ETI dans la salle confirmait cette inquiétude. Il dit : « c’est très bien de faire entrer le FSI à notre capital, mais que se passe-t-il lorsqu’il sort… ?  » craignant de devoir faire alors appel à des investisseurs moins bienveillants. Réponse de Jean-Yves Gilet : « suivant les cas, l’entreprise peut racheter sa part, s’introduire en bourse » et précise : « les fonds d’investissement  sont une autre solution ; ils ne sont pas tous des prédateurs. » 

Autre thème abordé : pourquoi y a –t-il si peu d’ETI en France ? Sans surprise, Yvon Jacob et Elisabeth Ducottet pdg de l’ETI Thuasne ont rappelé leur problème majeur : les droits de succession supportés par ces entreprises le plus souvent familiales. « Ils étaient en France de 30 à 40% avant la loi Dutreil, contre 7% en Allemagne ! » rappelle Elisabeth Ducottet. Résultat au moment de la succession, l’ETI est souvent contrainte de se vendre et souvent, à un groupe étranger… D’où la disparation de nombre d’entre elles.

Le financement  a bien entendu été une autre préoccupation. Louis Gallois, le président de la Fabrique de l’industrie (et depuis peu Commissaire général à l’investissement) a en particulier souligné qu’il était «préoccupé par les règles prudentielles de Bâle II et Bâle III », qui conduisent les banques à resserrer les cordons de la bourse. Il dit : « les banquiers indiquent qu’il ne restreignent pas le crédit ;  mais si on regarde de plus près, on constate que de fait, le crédit se réduit effectivement là où il est jugé le plus risqué. Et pour la banque le secteur qui apparaît le plus risqué est… l’industrie. »

Enfin, intervention intéressante d’un représentant de Mécachrome, sous traitant aéronautique de rang 1, ETI donc. Il souligne qu’aujourd’hui, les donneurs d’ordres demandent aux sous-traitants de rang 1 de partager les risques, c'est-à-dire de financer une partie des études, et aussi de réaliser les achats de matière et de gérer pour eux les sous-traitants de rang inférieur. Bref, que tout cela coûte extrêmement cher et impose la disponibilité d’un très important financement de court terme.

Louis Gallois, ex patron d’EADS ne l’a pas démenti et a estimé que la future banque publique pour l’industrie « devrait se préoccuper de ce type de problème pour  financer les besoins en fonds de roulement des entreprises. »

C’est tout pour aujourd’hui !

1 commentaire:

  1. Sur cette question de l'ouverture du capital des ETI, les dirigeants de "ARAYMOND Network" considèrent au contraire que c'est leur refus radical de cette ouverture qui explique la pérénnité de l'entreprise. Voir notamment pages 159 et 186-187 de INDUSTRIALISER, MODE d'EMPLOI: le modele d'entreprise "A RAYMOND". L'Harmattan 2012

    RépondreSupprimer