vendredi 28 juin 2013

Caramba, encore raté ! Neolane, belle ETI numérique, rachetée par Adobe

You're american now ! 
J’étais il y a peu avec quelques journalistes à un petit déjeuner où Stéphane Dehoche, co-fondateur et président du directoire de Neolane présentait son entreprise  J’y étais allé avec l’idée de faire un papier sur cette start-up française du numérique fondée en 2001. Elle était devenue une ETI de 350  personnes dans le monde (180 en France) réalisant un tiers de son CA de 44 M€ aux USA. Une belle réussite. Une belle histoire à raconter.

Eh bien, Adobe m’a coupé l’herbe sous le pied ! Neolane, un acteur majeur du marketing numérique, est en effet en train de passer dans le giron de l’américain qui propose de le racheter pour quelque 600 millions de dollars, une belle somme soit dit en passant.

Et voilà. Une fois de plus, une très prometteuse entreprise numérique nous échappe. Bien sûr il restera de l’activité en France pour Neolane ; bien sûr son patron restera quelque temps aux commandes en s’intégrant au groupe qui l’a acheté (comme il l’avait fait lors du rachat de sa précédente start-up). Mais c’en est une fois de plus fini de l’espoir de voir une entreprise nationale prendre une envergure mondiale dans le numérique.  Il semble que Dassault Systèmes reste voué à demeurer notre seule et unique très grande réussite en la matière !

Celle-là pourtant était bien partie. Pionnière en la matière, elle se situait aux avants-postes du marketing conversationnel, autrement dit le marketing via les outils numériques. Elle excellait en particulier sur le marketing multi-canal (e-mail, Web, mobile, réseaux sociaux etc.). Elle possédait ses propres outils de Big Data et de management de données; elle était même classée par la revue Forbes parmi les « plus prometteuses entreprises américaines » (vu son implantation aux US).

Stéphane Dehoche indiquait ainsi qu’il ambitionnait de faire de ses outils un véritable «  ERP du marketing » et qu’il visait une place de leader européen, cela au moment où, de fait, le marketing est en train de vivre une révolution et de se réinventer totalement à cause précisément de ces outils numériques.

Ce serial entrepreneur notait également lors de notre rencontre que, s’il est désormais plus simple de créer une entreprise, « il n’y a pas en France l’environnement économique qu’il faut pour croître », soulignant en particulier « les très faibles valorisations des entreprises du logiciel. » Des propos qui prennent désormais tout leur sens, ceci expliquant peut être cela...

Pour mémoire on se rappelera que la start-up avait été financée par le capital risque à hauteur de 2M€ en 2002, puis 5 M€ en 2007 (pour attaquer le marché américain) et avait enfin reçu 27 millions de dollars d’un fonds américain en 2011 pour se renforcer aux Etats-Unis.

Au final, Neolane aura tiré les marrons du feu pour Adobe qui, malgré le prix payé, semble avoir fait une bonne affaire. L’américain  renforce en effet considérablement son offre dite de « Marketing Cloud » constituée déjà de cinq solutions complémentaires.

Quant à moi, je n’ose plus m’attaquer aux succes stories françaises du numérique. Chaque fois que j’en découvre une, elle finit par se faire racheter ! Je dois avoir le mauvais oeil...

mercredi 26 juin 2013

Fleur Pellerin lance un appel à projet pour les "fablabs"

La ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de l'Innovation et de l'Economie numérique organisait hier mardi 25 juin à Bercy, en collaboration avec l’association OuiShare, son premier "Bercy Jam", un atelier de travail sur l’économie numérique collaborative.

A cette occasion,Fleur Pellerin a annoncé le lancement d’un nouvel appel à projets pour le soutien au développement de fablabs (ateliers de fabrication numérique).

"Nous voulons polliniser le territoire avec des fablabs, afin que chacun puisse prendre le train de la modernité. Le futur c’est maintenant, et la révolution numérique doit être pour tous" a-t-elle souligné. 

Cette action s’insère dans le programme de diffusion du numérique sur tout le territoire, notamment via les Espaces publics numériques (EPN), prévus par la feuille de route du Gouvernement sur le numérique de février dernier.

L’appel à projets permettra de subventionner une part importante des dépenses d’investissements nécessaires pour la mise en place ou l’amélioration de fablabs partout en France. Il sera clôturé le 13 septembre, et la sélection des projets soutenus aura lieu mi-octobre.

Pour en savoir plus sur les fablabs, on pourra lire le très interéssant rapport effectué sur ce sujet par la Fing. On peut télécharger gratuitement ce "Tour d'horizon des fablabs" à cette adresse sur le site de la Fing

Une « grande agence France International » préconisée par le rapport Bentejac-Desponts

Alain Bentejac et Jacques Desponts ont présenté aujourd’hui à Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur, le rapport sur l'évaluation des dispositifs de soutien à l'internationalisation des entreprises. Pour aller vite, je me  contenterai pour le présenter de reprendre en l’élaguant quelque peu la synthèse du rapport présenté par le ministère.

Le rapport affirme ainsi que nos performances à l’export ne sont que le reflet de la compétitivité du « site de production France », et donc que c’est avant tout par l’amélioration durable des facteurs de compétitivité que notre pays pourra remédier à cette situation.

Il précise cependant que le rôle du dispositif de soutien ne doit pas être tenu pour négligeable. Les enquêtes montrent que le dispositif français est assez largement utilisé, mais est jugé perfectible.

Selon le rapport, les principales attentes exprimées par les entreprises sont
- la mise en relation avec des partenaires et clients potentiels,
- la fourniture d’informations pertinentes sur les marchés,
- un accompagnement personnalisé, professionnalisé et dans la durée,
- l’appui au recrutement de responsables export,
- une meilleure lisibilité du système, une coordination renforc
ée des acteurs, des aides et procédures réellement simplifiées…

Côté recommandations, celles de la Mission peuvent être regroupées en trois grandes catégories :

1. Dynamiser, améliorer et simplifier les services rendus aux entreprises
Il s’agit là de mesures simples et pratiques pouvant être mises en oeuvre rapidement. La Mission recommande leur mise place déterminée et systématique.
Parmi ces recommandations
- la création de « Maisons de l’International » en régions, de « Maisons France » à l’étranger,
- d’un site web unifié,
- d’un numéro de l’international,
- d’un réseau social des exportateurs etc.

2. Mettre en place d’une gouvernance claire et forte
Cette gouvernance devrait se décliner à tous les niveaux, par la création de Comités de Pilotage réunissant tous les acteurs concernés et présidés par une instance appropriée disposant d’une capacité de décision réelle. C’est dans le cadre de ces Comités que devraient être traitées toutes les questions de coordination. Au plan national, par exemple, c’est ce Comité qui devrait être le lieu où serait négociée une nouvelle répartition des sites à l’étranger et des prestations entre les principaux opérateurs de manière à éliminer les doublons et à mieux couvrir le marché.

3. Optimiser l’architecture d’ensemble
La Mission propose la création d’une grande agence « France International » ayant vocation à fédérer progressivement et dans la concertation les principaux opérateurs. L’objectif à terme est de regrouper les forces aujourd’hui dispersées. Dans cette perspective, l’Etat devra montrer l’exemple en regroupant les opérateurs qui dépendent directement de lui (Ubifrance, AFII, organismes sectoriels de promotion…).

Cette agence pourrait être construite à partir d’Ubifrance, qui serait transformée en société anonyme, avec participation des principales parties prenantes (Etat, BPI France, Régions, CCI, secteur privé…) à son capital et/ou à son Conseil d’administration.

A lire 
Le rapport complet
La synthèse du rapport 

mardi 25 juin 2013

Le nouveau modèle suédois (encore mieux que l’Allemagne !)

La Suède sociale démocrate a longtemps été un modèle. Jusqu’en 1990, lorsqu’elle s’est effondrée. La voici à nouveau promue au rang de source d'inspiration parce qu’elle a su se réformer en profondeur. Elle exhibe aujourd’hui une économie performante et une industrie en pleine forme et fort productive. Elle devance même l’Allemagne sur quasiment tous les indicateurs (croissance du PIB, PIB/habitant, compétitivité, balance commerciale, dépenses de R&D…).

Dans le cadre de La Fabrique de l’Industrie, Emilie Bourdu nous présente en détail cette nouvelle Suède dans un bref et intéressant ouvrage préfacé par Louis Gallois : « Les transformations du modèle économique suédois ».

Le livre est tout a fait d’actualité car, au-delà de nombreux points communs avec la France – en particulier un état providence et une industrie composée de grands groupes et de PME – les mésaventures suédoises et la façon dont le pays s’est sorti de la crise peuvent servir de leçon au moment où nous sommes enfoncés dans un marasme qui n’a rien à envier aux pires moments de la Suède des années 90.

Ce livre est ainsi source d’optimisme : il démontre qu’il est possible de sortir de la crise par le haut sans (trop) sacrifier le modèle social démocrate, ou plutôt les acquis de l’état providence puisque notre président se refuse à se définir comme social démocrate

Cela dit, malgré la pertinence du Modèle, on peut craindre qu’il soit plutôt difficile à imiter. L’une des recettes de la Suède est en effet le résultat de la grande efficacité du dialogue social qui conduit à des consensus en matière de réformes, aussi sévères soient-elles. La France a bien du chemin à faire…

Autre recette du modèle, une politique fiscale radicalement différente de la nôtre. Certes, les prélèvements ont des niveaux similaires (environ 46% du PIB en 2011) mais les structures des recettes fiscales divergent profondément. Ainsi en Suède l’impôt sur les sociétés n’est plus que de 22% en 2013 (contre 52% à la fin des années 80 !) alors que les ménages sont taxés à hauteur de 14,8% du PIB (contre 7,9% en France). Les cotisation sociales sont, elles, de 7,4% du PIB en Suède (16,9% en France) et les recettes provenant des taxes indirectes, majoritairement la TVA, y sont de trois points plus élevées.

Bref, la Suède taxe davantage les ménages pour financer les recettes liées à l’état providence alors que la France privilégie les charges sociales. L’ironie du dispositif est que les recettes liées à la fiscalité des entreprises sont de moitié plus élevées en Suède qu’en France (3,4% contre 2,3%). Le fin mot de l’histoire tient au seul fait que la meilleure profitabilité des entreprises permet de rapporter davantage tout en taxant moins les bénéfices !

Parviendra-t-on a acclimater ne serait-ce qu’une partie des solutions mises en œuvre en Suède ? Avec le temps peut-être... Il faut se rappeler que la Suède a adopté le modèle social démocrate dès les années 30 (et l’Allemagne dans les années 50). Il serait peut être bon d’accélérer la manœuvre !

jeudi 13 juin 2013

Que faire si un donneur d’ordre veut capter mon CICE ?

Une opportune question d’Alain Rousset a permis à Alain Moscovici d’annoncer hier 12 juin 2013 à l'Assemblée Nationale l’ouverture d’un site d’information sur le crédit d’impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) destiné aux entreprises. En l’occurrence, il s’agit d’une rubrique spécifique sur le site économie.gouv.fr

Le site est opérationnel et il est là : http://www.economie.gouv.fr/ma-competitivite/faq-cice

Au sommaire :
- Une présentation du dispositif
- Des FAQ répondant aux principales questions que se posent les entreprises (qui y a droit ?, comment le calculer ? comment faut-il le déclarer ?, etc.)

On notera que les FAQ n’éludent pas la question brûlante : « Que faire si un donneur d’ordre souhaite capter tout ou partie de mon CICE ? »

J’en profite pour vous donner la réponse : « Dans ce cas, il est fortement conseillé de saisir la Médiation Inter-entreprises, dispositif gratuit, rapide et totalement confidentiel qui vient en aide à toute entreprise rencontrant des difficultés contractuelles avec un client ou un fournisseur. »

J'ignore si cela sera efficace, mais, pour déposer un dossier de médiation, l’URL est la suivante : www.mediation-interentreprises.fr.

A noter enfin la disponibilité d’un formulaire qui permet à ceux qui ne trouveraient pas sur le site la réponse attendue d’interroger le service concerné qui « s’engage à les contacter sous 5 jours. » Bonne initiative.