lundi 30 avril 2012

« Le » rapport à lire (absolument) sur l’avenir du manufacturing


10 millions d'emplois dans le manufacturing sont
vacants faute de personnel qualifié
Le World Economic Forum en collaboration avec Deloitte Touche Tohmatsu vient de publier un rapport absolument passionnant : «  The Future of Manufacturing - Opportunities to drive economic growth. » Quelque 80 pages bourrées d’information.

Pour aujourd’hui, je vous livre les sept points clés que résume ce travail dans son Executive Summary. Il ne donnent qu'une petite idée du contenu car le plus important est l’analyse que font les auteurs.  Mais j’y reviendrai car il y a justement dans ce rapport quelques perles rares à mettre en évidence.

Voici donc les sept tendances que le WEF juge cruciales pour les vingt années à venir :

1. L’infrastructure nécessaire pour le développement du ‘manufacturing’ et la croissance des emplois va croître en importance et en complexité et deviendra de plus en plus difficile à développer et à maintenir par les pays. L’étude souligne l’importance des partenariats public-privé pour les développement des infrastructures
2. La concurrence entre nations pour attirer les investissements étrangers (foreign direct investments, FDI) va s’accroître dramatiquement. Cela compliquera le processus de prise de décision pour les entreprises. Les FDI en manufacturing ont représenté 26% du total des FDI en 2010 créant 1,1 million d’emplois
3.  La compétition pour accéder aux ressources en matériaux – et leur rareté- modifieront radicalement les stratégies des pays et des entreprises et serviront de catalyseur à des innovations majeures en science des matériaux
4. La disponibilité d’énergie « propre » et les politiques énergétiques efficaces seront des priorités sur l’agenda des entreprises et des politique et joueront un rôle différenciant entre les pays et les entreprises les plus compétitives
5. La capacité d’innover encore plus rapidement sera le facteur le plus fondamental dans le succès des pays et des entreprises
6. La ressource la plus critique pour l’avenir est la disponibilité d’un important capital humain disposant d’une formation de haut niveau. « Aujourd’hui dans le monde 10 millions de postes dans les entreprises de production ne sont pas remplis faute de main d’œuvre qualifiée".
7. L’utilisation stratégique des politiques publiques comme catalyseur du développement économique va s’intensifier ce qui engendra une compétition féroce entre nations. La capacité à  créer des associations gagnant-gagnant entre les politiques et les responsables d’entreprise constituera un atout majeur.

Lire le rapport : «  The Future of Manufacturing - Opportunities to drive economic growth. » (83 pages)

vendredi 27 avril 2012

Une histoire médiatico industrielle triste à pleurer


Eldon Roth : les yeux pour
pleurer...
Beef Products Inc. (BPI), une entreprise américaine productrice de viande de bœuf, vient de fermer trois de ses quatre usines et a licencié près de 700 employés. Son patron Eldon Roth est désespéré.  Il avait pourtant été distingué à l’automne dernier en intégrant le « Meat Industry Hall of Fame ». Le voici au bord de la faillite.

Que s’est –il passé ? Une bloggeuse américaine qui rédige depuis chez elle un blog consacré à l’alimentation a un laissé entendre que le type de viande produit par BPI  allait être interdit dans les écoles. Elle a ensuite cru comprendre que BPI utilisait « de l’ammoniac » dans ses viandes. Elle s’en est alors fait l’écho et a lancé une pétition pour demander l’arrêt immédiat de l’utilisation de cette viande dans les écoles.

La nouvelle, plus ou moins déformée, a été reprise par la télé, bloggée, twittée. Résultat : plus de 130000 signatures pour la pétition.

Comme on ne plaisante pas avec la santé des enfants, le département de l’agriculture (USDA), tout en indiquant que la viande n’était pas dangereuse, a réagi en donnant le choix aux écoles d’utiliser ou non le type de viande produit par BPI. La défiance s’est alors emparée du public. BPI en a  fait les frais. Cargill qui produit une viande du même type a lui aussi vu sa production chuter.

L’affaire est désolante. Depuis trente ans BPI produit cette viande. Il en a vendu des centaines de millions de tonnes. Elle est largement utilisée dans les hamburgers en particulier. Personne n’a jamais été rapporté d'intoxication. Jusqu'à preuve du contraire, la viande est irréprochable. 

Pire, l'histoire de l'ammoniac n'a rien de rédhibitoire. Au contraire ! BPI  utilise depuis 2001 de l’hydroxyde d’ammonium (pas de l’ammoniac !) pour rendre sa viande... encore plus sûre. Cet additif, autorisé et largement utilisé, a pour but de détruire toute bactérie éventuellement présente en augmentant le pH de la viande.

Alors comment expliquer cet embrasement ? Peut être simplement par les fantasmes liés au processus de production. Eldon Roth a en effet inventé un procédé qui permet  de récupérer la viande restée sur les carcasses et  qui était auparavant jetée car inutilisable telle quelle. Il la valorise en retirant le gras. La viande est chauffée à 37°C, le gras éliminé par passage dans une centrifugeuse et le maigre immédiatement congelé et vendu sous le nom de « lean finely textured beef ». Ce n'est pas très appétissant mais ce n'est que du maigre de bœuf.

Cette viande a beau être inoffensive, rien n’y fait. Plus personne ne veut du bœuf  « maigre et finement texturé » de BPI. Il n’a plus qu’à fermer l’une après l’autre ses usines.

L’histoire se trouve dans Business Week du 16 avril.

La moralité ? Elle est double :
- Primo : l’industrie agro alimentaire est vraiment une industrie à hauts risques
 - Secundo : faites confiance aux journalistes, les vrais, comme ceux de Business Week qui ont fait sérieusement leur travail en remettant les choses à leur place. Journaliste, eh oui, c’est un métier…

jeudi 26 avril 2012

Comment Gillette a réduit le prix de ses rasoirs de 97%


3% du prix , 80% de pièces en
moins que le rasoir Fusion
Le rasoir vendu en Inde par Gillette coûte à peine 3% du prix du dernier modèle vendu aux USA. Il a très vite, en 6 mois,  pris 50% du marché indien. Épatant non ?

C’est Vijay Govidarajan auteur de l’ouvrage (et du concept) Reverse Innovation qui raconte cette histoire sur le blog de l’Harvard Business Review. (Pour savoir ce qu’il en est de la Reverse Innovation voir l’article sur ce blog )

L’histoire tient en une phrase : pour réussir sur les marchés émergents, faites un produit pour ces marchés. Mais elle ne s’arrête pas là…

Donc, après avoir étudié en détail les pratiques de rasage des indiens (très différentes de celles des occidentaux) Gillette a conçu un rasoir à très faible coût bien  adapté à ces pratiques, le Guard. Ce rasoir en plastique se contente d’une seule lame, comporte 80% de pièces en moins que les rasoirs haut de gamme, une tête qui se nettoie facilement sans eau courante et possède diverses autres caractéristiques comme une large protection pour éviter les coupures (les indiens se rasent souvent dans des pièces faiblement éclairées).

Fabriqué en Inde, il se vend au prix de 15 roupies pour le rasoir et 5 pour les lames (soit 30 cents et 10 cents).

Gillette a également mis en place un nouveau business model pour le commercialiser. Plus d’accord avec de grands distributeurs, le groupe s’est attaché à nouer des liens avec la myriade de points de vente locaux.

Gillette vise maintenant l’adaptation de ce rasoir aux marchés chinois et africains. Mais selon Vijay Govindarajn, il pourrait même le commercialiser aux Etats-Unis ! Pourquoi prendre un tel risque de cannibaliser ses ventes américaines ? « Parce sinon, un concurrent venu d’un pays émergent pourrait le faire ». Il vaut donc mieux prendre les devants.

C’est toute l’histoire de la reverse innovation en quelques lignes.

Lire l’article sur le blog HBR 

mercredi 25 avril 2012

Etats-Unis : un fort vent de relocalisation souffle


L’étude que vient de publier Boston Consulting Group (BCG) indique que plus d’un tiers des responsables de très grandes entreprises américaines ont l’intention, ou pensent à, rapatrier une partie de leur production effectuée en Chine vers les Etats-Unis.

Selon le BCG ce retour au bercail est principalement motivé par « les coûts salariaux en hausse en Chine et des raisons logistiques. »

L’étude a été réalisée auprès de 106 entreprises de tous secteurs réalisant plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires. Elle note que :
- 37% des chefs d’entreprises préparent où réfléchissent activement à relocaliser leur activité de production
- Ce chiffre est porté à 48% quand il s’agit des entreprises de plus de 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires, qui représentaient un tiers de l’échantillon.

Selon Harold L. Sirkin, senior partner du BCG,  « les entreprises ont pris conscience que les données économiques liées à la production manufacturières sont en train de pencher en faveur des Etats-Unis, aussi bien pour les produits destinées à être vendus sur le marché domestique que pour ceux destinés à l’exportation. Cette tendance devrait s’accélérer vers 2015. » 

Autre résultat de cette étude : les quatre éléments cités comme étant les plus importants dans le choix de l'implantation d’un site de production sont :
- Le coût du travail, pour 57% des patrons interrogés
- La qualité des produits (42%)
- La facilité pour mener des affaires (29%)
- La proximité des clients (28%)

mardi 24 avril 2012

Images de l'industrie... d'hier


Je ne résiste pas aujourd’hui à faire un petit post personnel (mais qui a tout de même un lien avec le sujet de ce blog).

J’ai eu un coup de cœur que j'aimerais partager pour un livre de photos réalisé par un ancien reporter photographe au magazine L’Usine Nouvelle, Thierry Boulley.

Il a extrait de ses archives près d’une cinquantaine de clichés pris dans des usines, un peu partout dans le monde, au cours des années 70.

Ses splendides images en noir et blanc font revivre l’industrie d’un temps révolu et, surtout, comme le titre l’indique, mettent en valeur les hommes et la grandeur de leur travail dans l’environnement alors hostile des ateliers de production.

Une très belle lecture.

L’homme au travail, de Thierry Boulley ; Ed. : édition flam (www.edition-flam.com); 106 pages ; 25 €

lundi 23 avril 2012

Matière à réflexion : les rapports incontournables

Dernièrement, pas mal d’études et de rapports très instructifs (mais souvent en anglais…) ont été évoqués plus ou moins longuement sur ce blog. Beaucoup méritent vraiment d’être lus par ceux qui sont concernés par la réindustrialisation.

Si vous les avez manqués, voici une petite session de rattrapage avec les liens directs vers ces documents. Le lien « lire le post » renvoie vers l’article correspondant qui, souvent, résume (en français…) les points clés des différents documents.

Rapport ministériel : « en finir avec la mondialisation déloyale »
Lire de rapport d’Yvon Jacob et Serge Guillon « En finir avec la mondialisation déloyale »  (303 pages)

 Centre d'analyse stratégique : La R&D dans le monde
Lire le post correspondant

Bruegel : Pour une politique industrielle en Europe
Lire le rapport du think tank bruxellois Bruegel  Rethinking industrial policy (8 pages)
Lire le post correspondant  

ITIF : Les différent modes de croissance et pourquoi le mercantilisme est voué à l’échec
Lire le rapport du think tank ITIF sur les politiques d’innovation :  The Good, the Bad, and the Ugly of Innovation Policy.” (107 pages)
Lire le post correspondant 



Commision Européenne : Quelles technologies clés pour l’Europe
Lire le rapport  pour la commission européenne réalisé par un high level expert group présidé par Jean Therme Key enabling technologies (51 pages)
Lire le post correspondant  


Etats-Unis : de l’importance de la R&D en faveur du manufacturing
Le plan national américain sur le manufacturing réalisé par l’executive office of the president national science and technology office :  A National Strategic Plan for Advanced Manufacturing (38 pages)
Lire le post correspondant 

Banque mondiale : quel avenir pour la Chine
Le rapport complet China 2030: Building a Modern, Harmonious, and Creative High-Income Society (391 pages)
Lire le post correspondant 

Brookings Institution : de l’importance de l’industrie manufacturière
Lire le rapport Why Does Manufacturing Matter? Which Manufacturing Matters? »  (53 pages)

Cercle de l’industrie :  propositions pour la compétitivité
Lire le détail des dix propositions du Cercle de l’industrie : Les conditions de la relance de la compétitivité industrielle.
Lire le post correspondant 

 TIC : Ce que veulent les PME françaises 
Lire le Manifeste des 5000 PME innovantes de la filière TIC porté par des pôles de compétitivité français
Lire le post correspondant

SNJV
Syndicat national du jeu vidéo : Lire Le détail des 10 propositions du SNJV (14 pages)
Lire le post correspondant  
Fieec 
Lire le projet de la Fédération des industries électriques électroniques et de communication pour les 5 prochaines années : 2012-2017 Le temps de l’ambition ( 34 pages).
Lire le post correspondant
Anact 
Lire le rapport de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail : "Comment améliorer les conditions d'emploi et de travail dans la sous-traitance industrielle "

Trois études américaines sur la menace des pièces auto chinoises
Growing Threats to the U.S. Auto-Parts Industry from Heavily Subsidized Chinese Tires and Parts, de Robert E. Scott and Hilary Wething de l’ Economic Policy Institute (EPI),

jeudi 19 avril 2012

Les 10 "industries" en plus forte croissance aux US depuis 10 ans


Sauce piquante :  9,3% de croissance par an
depuis 10 ans;  ça chauffe !
La société d’études américaine Ibis World vient de publier le hit parade des industries américaines ayant connu la plus forte croissance sur les dix années passées.

 A côté de gagnants évidents, comme l’industrie du solaire ou les médicament génériques, on y découvre des secteurs pour le moins surprenants ! Les produits auto bronzants par exemple (indice : les UV en ont pris un coup avec les études sur le cancer de la peau…)

« Industrie » est à prendre au sens large puisque figure dans ce classement aussi bien des centres de remise en forme que des universités.

Je vous laisse découvrir ces dix secteurs clé dans le tableau ci-dessous qui indique aussi les prévisions de croissance pour les cinq prochaines années et les acteurs majeurs de chaque industrie.

Quiz  : il y a un "français" dans la liste des acteurs majeurs. Lequel ?


Croissance annuelle moyenne 2002-2012 (%)
Croissance attendue
en 2012 (%)
Croissance annuelle moyenne 2012-2017 (%)
Acteurs majeurs
Fab.  de panneaux solaires
32,3
9,4
8,2
SunPower
Construction « verte »
28,9
18,3
22,8
Turner Corporation
Fab.  produits autobronzants
22,7
18,1
10,7
Kao Brands
Centres d’exercice Pilates et Yoga
12,5
5,1
4,8
Pas d’acteur dominant
Dev. de jeux vidéos pour réseaux sociaux
128
20
22
Zynga
Electronic Arts
Walt Disney
Vente de lunettes et lentilles en ligne
28,2
11,9
8,8
1-800-Contacts.com
Walgreen Company
Coastal Contacts
Fab. d’imprimantes 3D
8,8
20,3
14
3D Systems
Stratasys
Z Corporation
Universités à but lucratif
-
5
3,6
Apollo Group
DeVry
Career Education
Prod. de médicaments génériques
9,6
8,1
6,3
Teva Pharmaceutical Industries ; Watson Pharmaceuticals ;.
Sandoz;  Mylan.
Prod. de sauce piquante
9,3
4,5
4,1
McIlhenny
Reckitt Benckiser

Réponse du Quiz : Total, qui a pris une part majoritaire dans SunPower en 2011

Lire l’étude d’Ibis World : Top Ten FastestGrowing Industries 

Le Japon se pose des questions sur son modèle : manufacturing or not manufacturing ?


C'était le bon temps...  Montez en gamme maintenant !
Intéressant article du New-York Times. Titre : “Declining as a Manufacturer, Japan Weighs Reinvention”. Traduction libre : le Japon s’interroge sérieusement sur la pertinence de son modèle industriel. Et ce qui est vraiment instructif est que, finalement, le modèle de développement japonais des années 80, basé sur la production intensive pour l’exportation de produits de commodités, des télés et des voitures est celui dont la Chine et les autres émergents se sont inspirés.

Or, que constate aujourd’hui le Japon ? La perte de beaucoup d’entreprises manufacturières – en particulier la production d’écrans plats – qui s’enfuient vers les autres pays d’Asie. L’Europe et les USA ne sont donc pas les seuls à voir leur industrie se réduire comme peau de chagrin : le METI estime que la part de l’industrie manufacturière au Japon s’est réduite à 18% de l’économie totale en 2006, contre 35% dans les années 70.

Bref : «  il est temps de trouver un nouveau modèle pour notre économie » dit Masatomo Onishi, a professeur à l’université Kansai. Il ajoute : « nous avons le choix entre suivre le modèle américain d’une économie post industrielle, ou celui de l’Allemagne qui a misé sur la production haut de gamme ; nous ne devons en tout cas absolument pas essayer de nous battre contre la Chine dans le domaine de la production de masse. »

D’après l’article de NYT la question qui se pose au Japon et par extension aux autres pays d’Asie qui ont fondé leur développement sur l’exportation, est de savoir s’ils seront capables de soutenir l’innovation de façon à créer les équivalents de Google, Apple et autre start-up technologiques qui font le succès des Etats-Unis.

Yukio Noguchi économiste de l’université Waseda de Tokyo voit lui cette crise comme une chance d’orienter le Japon vers une économie plus centrée sur les services. Il pense qu’il faut arrêter de s’accrocher à un modèle manufacturier dépassé qui impose de baisser salaires et prix pour lutter contre les pays asiatiques à bas coût. « Le manufacturing détruit notre économie », dit-il,

D’autres économistes, comme Takao Nakazawa, sont plus optimistes. Ils jugent que la crise industrielle actuelle ne fait que traduire un translation de l’industrie japonaise depuis des produits de commodités qui peuvent être fabriqués ailleurs en Asie, vers des produits plus haut de gamme et de haute qualité, comme les robots, où le Japon possède un savoir-faire certain.

C’est selon le NYT la politique actuellement menée par Panasonic.

Lire l’article du NYT 

mercredi 18 avril 2012

Le conseiller d’Obama justifie le soutien au “manufacturing”


Gene Sperling : "défendre le manufacturing
ne pas rater la next big thing"
Gene Sperling, Directeur du National Economic Council de l’administration Obama et conseiller du président sur la politique économique a trouvé d'intéressantes justifications de la politique de soutien aux industries de production qui, aux Etats-Unis, n’est pas du goût de tous

Lors d’un récent discours à la Conference on the Renaissance of American Manufacturing,  il explique d’abord que « quand une grande entreprise de production s'installe dans une région, l’investissement génère un gain de productivité dans toutes les autres entreprises de la région. »  Il a puisé ce concept dit de « retombées d’agglomération » (agglomeration spillover) dans une étude menée en 2010 par les économistes Michael Greenstone, Rick Hornbeck and Enrico  Moretti. (lire la publication Identifying Agglomeration Spillovers: Evidence from Winners and Losers of Large Plant Openings )

Gene Sperling utilise ensuite un autre argument tiré cette fois d’un article de Gary Pisano et Willy Shih tous deux professeurs d’ Harvard Business School. A savoir : l’ensemble des compétences et des savoir-faire des entreprises d’une région constitue un « bien commun » dans lequel chaque nouvel arrivant vient piocher et qu’il renforce par sa présence. Se crée ainsi un cercle vertueux qui favorise l’innovation, donne encore plus de valeur ajouté à la région, attire de nouveaux investissements etc.

 Gene Sperling pointe qu’à l’inverse, ce cercle vertueux devient un cercle vicieux quand les entreprises quittent une zone. Ainsi si « pour une entreprise individuelle, il peut y avoir de bonnes raisons d’installer sa production en un autre lieu, cette décision aura un impact négatif sur toutes les autres entreprises et sur le réservoir local de talents. Et cela rend alors plus facile pour les autres de délocaliser et plus difficile encore à des nouvelles entreprises de s’installer. »  

Conclusion : « Si nous ne prenons pas la décision de nous battre pour l’industrie manufacturière d’aujourd’hui cela conduira à de plus graves pertes encore de capacités de production et cela peut même engendrer pour la nation américaine l’incapacité à créer la prochaine génération de technologies. »

Gene Sperling cite ainsi l’exemple de la fabrication des produits d’électronique grand public. « Lorsque nous avons perdu ce savoir-faire nous avons également perdu la capacité de concevoir et de fabriquer les batteries lithium ion […] Le savoir-faire technologique nécessaire pour faire ces batteries est parti avec la production de l’électronique grand public.  » 

Moralité : « notre pays doit comprendre l’importance d’assurer un environnement tel que notre secteur manufacturier soit capable de relever les nouveaux défis, de mettre au point la « next big thing » et de ne pas manquer la prochaine opportunité de créer de la valeur et des emplois sur notre sol. » CQFD. 

mardi 17 avril 2012

Bois : les arbres s’enfuient vers la Chine, la filière trinque


"Chauffeur, en route pour la Chine !"
« Arrêtez-les ! ». C’est le cri d’alarme de la Fédération Nationale du Bois (FNB)Elle assiste à un véritable exode des chênes et des hêtres vers la Chine (des grumes, c'est-à-dire des troncs, pour être précis). Et voudrait que l’état et freine un peu cette transhumance en jouant notamment sur le levier des droits de douanes.

Explication : la France représente une part très significative des importations chinoises de grumes de chênes et hêtres. Et la demande chinoise croit sans cesse, et fortement.

Où est le problème ? Ces exportations font le bonheur des forestiers. D’autant qu’avec la demande insatiable de la Chine les prix ont augmenté significativement (+20% pour le chêne, +15% pour le hêtre). Bonne affaire, non ?

Pour eux, oui. Mais pour eux seulement. Car, selon la FNB, le reste de la filière bois, première et seconde transformations, est fortement menacé.
- Parce que, on l’a vu, les prix des matières premières augmentent
- Parce que dans le même temps, la matière première se fait plus rare et l’approvisionnement plus difficile
- Parce que, surtout, chinois (et indiens) se sont spécialisés dans la production de parquets et meubles dont les importations en France et en Europe explosent
- Parce que les industriels de seconde transformation français ne sont pas compétitifs face aux asiatiques.

La FNB s’inquiète ainsi de la probable fermeture de nombreuses scieries et industries de la seconde transformation et demande donc une régulation de l’exportation de bois. Il faut agir « avant la disparition de l’outil industriel » lance-t-elle.

Elle souhaite ainsi  freiner l’exportation de bois brut au profit de bois ayant subi en France un minimum de transformation et donc une augmentation de la valeur ajoutée locale (transformation en planches, par exemple).

C’est de bonne guerre car, justement, la politique tarifaire chinoise conduit très exactement à l’opposé. Alors qu’aucun de ses produits n’est taxé à l’entrée en Europe, pour favoriser ses transformateurs, elle taxe les importations :
- De bois brut à 8%
- De sciage à 14%
- De parquets à 20%
- De meubles à 100%

La fédération qui se refuse à stigmatiser les exportateurs de grumes réclame ainsi :
- La mise en place de mécanismes de régulation à l’échelle de l’Europe
- La mise en place de mesures (taxe carbone, TVA sociale…) pour réduire les écarts de compétitivité
- Un rééquilibrage des taxes européennes et chinoises sur les grumes et les sciages

lundi 16 avril 2012

Vive le gaz de schistes !


Gaz de schistes : le Viagra de l'économie US
Ce n’est pas moi qui le dit. Principe de précaution oblige, je ne prendrais pas un tel risque... C’est, dans un article du magazine Fortune titré « America's energy job machine is heating up »,  Richard Martin. Il est le responsable éditorial de la société d’études de marché Pike Research. Ironie de l’histoire, Pike Research est spécialisé dans les études sur les… technologies propres.

« La renaissance énergétique en cours [forages profonds en mer et gaz de schistes] pourrait être l’élixir dont l’économie américaine a besoin » dit le chapeau de l’article. Et l’article fournit matière à le vérifier. Exemple : « Le gaz naturel du Marcellus Shale formation, a permis de créer 60 000 emplois dans les états de New York, Pennsylvanie et Ohio et en promet  200 000 de plus à l’horizon 2015. »

Mieux, cette énergie locale à faible coût est aussi une bonne nouvelle pour le secteur manufacturier. « Le développement des ressources en gaz de schistes a le potentiel de devenir la plus formidable source de croissance économique et de prospérité que nous connaîtrons de notre vivant » s’enthousiasme le patron d’U.S. Steel, John Surma.

L’industrie chimique s’emballe également et construit des usines à tours de bras. Dow Chemical prévoit la construction d'une usine d’éthylène en Louisiane en 2017et relance celle de Hahnville (Louisiane). Shell envisage d’investir, en Louisiane aussi, 10 milliards de dollars sur un site pour convertir le gaz naturel en diesel. « Ce gaz naturel est un élixir, un Viagra! » s’emporte Don Logan, président de l’Oil and Gas Association de Louisiane.

Enfin l’article souligne le formidable retournement de l’histoire. «Il y a quelques années l’idée dominante était que l’Amérique allait tomber en panne de gaz naturel. Désormais, nous somme devenus “l’Arabie saoudite du gaz”. »   L’exportation de gaz pourrait également devenir une réalité : « même compte tenu des coûts de transports  nous pourrions vendre du gaz en Asie, en Europe et en Amérique du sud à un prix inférieur de 40% à celui du gaz sur ces marchés. »

Comme dit l’autre, « vérité en deçà de l’Atlantique, erreur au-delà »...

Lire l’article : « America's energy job machine is heating up »

vendredi 13 avril 2012

Yvon Jacob : « les entreprises françaises démunies face à la mondialisation déloyale »


Et maintenant... le livre, signé
Yvon Jacob et Serge Guillon
Impressionnant, le rapport « En finir avec la mondialisation déloyale ! » d’Yvon Jacob (Ambassadeur de l’Industrie) et Serge Guillon (Contrôleur général économique et financier).

Kolossal même, avec ses 303 pages et 20 propositions pour obtenir « la réciprocité des efforts, la convergence des règles et l’équité des pratiques, conditions d’une relation commerciale plus équilibrée entre l’Union européenne et ses partenaires. » Extrêmement informatif et … salubre en tout cas. Lecture conseillée.

Pas question de le résumer, ni de le synthétiser. En revanche j’ai choisi d’en publier un petit extrait qui attire l’attention sur un aspect assez peu connu de la problématique de la mondialisation. Voici donc ce qu’écrivent les deux auteurs :

« Face aux questions de concurrence déloyale et aux effets de la mondialisation, une partie du monde industriel français est démunie.

« Cela ne concerne évidemment pas les grandes entreprises transnationales […]. Mais une grande majorité des entreprises industrielles sont dans l’incapacité d’identifier les causes de leurs problèmes et les canaux français ou européens à mobiliser pour apporter des réponses à leurs questions.

« L’organisation complexe du traitement des questions industrielles en France les désarçonne. L’Union européenne leur est totalement étrangère. La méconnaissance du champ européen est immense au sein de nombreuses entreprises de taille intermédiaire (ETI), syndicats professionnels et fédérations sectorielles.

« Ni les compétences, ni le processus décisionnel ne sont connus avec précision. Il est en est de même du droit européen et en particulier du droit de la concurrence dont certaines entreprises semblent découvrir les contraintes.

« Cette situation ne se limite pas à ces entreprises, généralement des PME ou des ETI. Le constat s’applique également à leurs syndicats ou fédérations professionnelles. Il ne s’agit pas d’une question de moyens. […] Mais ces acteurs se mobilisent essentiellement sur les questions strictement françaises en  prenant peu en compte le rôle de l’Union européenne.

« Expliquer les raisons [de cette situation] est aisé. […] La configuration des entreprises industrielles françaises et leur culture est une cause de cette situation. La France se caractérise par la taille réduite de ses PME et de ses entreprises de taille intermédiaire (ETI), par l’émiettement de son paysage industriel et par le nombre limité d’entreprises exportatrices. De plus, les entreprises françaises en général ont un retard culturel dans l’utilisation des techniques modernes de communication. »

Cela conduit les auteurs à proposer une solution, leur proposition n°2 :

« Dans le prolongement des Etats généraux de l’Industrie, mais à l’échelle européenne, le Ministère en charge de l’industrie pourrait organiser un séminaire européen consacré à la concurrence déloyale  et destiné  pour l’essentiel au  monde industriel qui devrait avoir lieu avant la fin de l’année 2012. »

L’un des objectifs de ce séminaire serait d’obtenir en conclusion « la création en Europe d’un « groupe des Etats amis de l’industrie » composé des représentants des Etats membres volontaires et dont certaines réunions seraient ouvertes aux représentants du monde industriel. » Et ce dernier point constitue la proposition n° 3.

Ces deux propositions ne sont évidemment pas les plus significatives du rapport. On peut les connaître toutes en le téléchargeant :   « En finir avec la mondialisation déloyale ! »

jeudi 12 avril 2012

Le hit parade mondial de la R&D


La Chine au deuxième
rang mondial
Ça chauffe dans la R&D. Compte tenu des enjeux importants, notamment de croissance, d’emploi et de compétition internationale scientifique et technologique, l’investissement mondial annuel (à prix courant) dans la recherche a doublé en 10 ans. Il atteint désormais 1300 milliards de dollars.

Cette croissance n’est cependant pas uniforme dans l’espace ni dans le temps. Les pays émergents accroissent significativement leurs efforts en recherche et accélèrent ainsi la convergence avec les pays de l’OCDE. La Chine, avec 25 % de croissance de sa R & D en 2009, représente, à elle seule,  12 % des dépenses mondiales en la matière et se situe au deuxième rang, derrière les Etats-Unis, reléguant le Japon à la troisième place. Et laR&D chinoise, même si sa part a doublé en 10 ans ne pèse pourtant que 1,7% de son PIB…

Cela dit, les Etats-Unis, malgré la faible croissance de leur recherche ces deux dernières années, restent largement le leader avec 402 milliards de dollars en 2009, soit 40% des dépenses de la zone OCDE ou l’équivalent de l’ensemble des pays du G8. L’effort chinois ne représente encore que le tiers de celui des Etats-Unis.

Avec 42,7 milliards en 2009, la France se situe au cinquième rang mondial derrières les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne. Elle devance encore la Corée en sixième position devant… le Royaume-Uni.  
En 2009, la zone OCDE a connu la première baisse en volume des dépenses de recherche (-1,6%) depuis vingt ans. L’impact le plus fort se situe au Japon (-8,6%). La France était alors l’un des rares pays à poursuivre la croissance de son effort en R & D (+ 3,5% en 2009), largement dépassée toutefois par la Corée (+6% en 2009, après +7% en 2008…)

 Dès 2010, des signes de reprises ont été enregistrés dans la plupart des pays de la zone. Bilan du rapport du Centre d’analyse stratégique, dont sont issus ces chiffres : « la France gagnerait à l’avenir à poursuivre les orientations incitatives, notamment en matière d’aides indirectes (crédit impôt recherche) en améliorant l’articulation entre les différents niveaux de soutien public (national, européen et régional) et en mobilisant davantage, au-delà de la politique de la recherche et de l’innovation, les autres politiques publiques (politique de la concurrence, politique commerciale, politique d’éducation, marchés publics, etc.). » 

Enfin, le rapport souligne que  « le développement des coopérations entre les acteurs publics de recherche pourrait être renforcé par une politique scientifique et des objectifs stratégiques partagés entre universités et organismes de recherche.»

Lire le rapport du CAS : L’évolution récente des systèmes de recherche (14 pages Pdf)

mercredi 11 avril 2012

Vademecum pour une « bonne » politique industrielle


Bruegel dit "oui" à la politique
industrielle
Bruegel, le fameux think tank bruxellois aujourd’hui dirigé par Jean-Claude Trichet a sorti il y a quelques mois un rapport en faveur de la politique industrielle, assorti de quelques recommandations.

Les auteurs (Philippe Aghion, Julian Boulanger et Elie Cohen) justifient leur engagement en faveur d’une politique industrielle revue et corrigée par trois raisons majeures
1. La capacité à orienter le changement technologique. Prenant l’exemple des technologies propres, le rapport montre que la logique industrielle n’incite pas les entreprises à s’y diriger spontanément. La politique industrielle joue alors le rôle d’incitateur
2. Les imperfections du marché du capital et les contraintes de crédit. Elles peuvent freiner la réallocation de capital vers les secteurs innovants et susceptibles d’une forte croissance ce à quoi une politique sectorielle adhoc peut remédier.
3. Les retombées en matière du développement des connaissances pour les autres entreprises quand l’une d’elle choisi de s’implanter et d’innover en un endroit donné.

Quant aux caractéristiques d’une « bonne » politique industrielle, le think tank note que les politiques sectorielles fonctionnent d’autant mieux
- qu’elles sont décentralisées
- qu’elles portent sur des secteurs plus compétitifs
- que les aides sont moins concentrées

L’étude termine avec cinq conclusions :
- Le degré de compétences et de concurrence dans un secteur sont des critères clés pour élire les secteurs à soutenir
- Il faut favoriser des interventions gouvernementales spécifiques pour orienter l’innovation vers les technologies propres
- L’aide sectorielle ne doit pas porter sur une entreprise particulière mais sur l’ensemble des entreprises d’un secteur, afin de favoriser la concurrence et l’innovation
- Les politiques industrielles doivent être réévaluées et stoppées si elles ne font pas la preuve de leur efficacité
- Il faut une approche moins législative et plus pragmatique.

Lire le rapport Rethinking industrial policy (8 pages)

mardi 10 avril 2012

De la R&D dans les PMI ? Oui, c’est possible !


34 Instituts, voués à la recherche avec les entreprises
Au train où vont les choses, les PMI vont finir par n’avoir plus aucune excuse pour bouder la R&D. Je dis cela car je viens de m’intéresser de près aux Instituts Carnot qui proposent de mener de la R&D pour les entreprises, en particulier les PME. Bon, ce n’est pas un scoop, ils sont nés en 2006. Mais ils méritent d’être mieux connus car ils possèdent un grand nombre de caractéristiques qui les rendent très pertinents. D’où ce post.

Premier point : un «Institut Carnot » est en général un regroupement de laboratoires de recherche autour d’une thématique. Ils sont labellisés par l’ANR (agence nationale de la recherche) suite à la réponse à un appel d’offres. L’originalité de chaque institut est qu’il regroupe en son sein des labos de recherche académiques proches de la recherche fondamentale et des labos de recherche appliquée. De quoi faire découvrir des sujets de recherches proches du terrain aux académiques et simultanément mettre au meilleur niveau scientifique la recherche appliquée. C’est assez bien vu.

Deuxième atout : le label « Carnot » (et le financement de l’ANR qui va avec) n’est pas un acquis. Il est renouvelé tous les cinq ans avec obligation de résultats à la clé. Et ce n’est pas de la frime. Lors du premier renouvellement fin 2010, neuf instituts sur les 33 originels ont perdu leur label. Le second appel d’offres, qui a eu lieu simultanément, en a ajouté dix nouveaux. Ils sont donc 34 aujourd’hui, représentant quelques 19000 spécialistes de la recherche

Troisième point fort : ils fonctionnent en réseau. Ce qui veut dire que, théoriquement, une PME qui cherche un labo pour effectuer de la R&D peut frapper à la porte de n’importe quel de 34 instituts. Elle sera aiguillée vers celui, ou ceux, qui disposent des compétences adhoc.

Dernière originalité : le joker du financement. En s’adressant à un Carnot, l’abondement de l’état au titre du Crédit d’impôt recherche (CIR) est doublé ! Le primo accédant la voit ainsi passer de 40 à 80% de ses coûts. L’addict du CIR, de 30 à 60%. Bon à prendre…

Voici donc ma page de publicité pour les Instituts Carnot terminée. Elle est gratuite. Si vous pensez que j’en fais trop et que mon intérêt pour le dispositif est exagéré, n’hésitez pas à le dire. Les commentaires sont faits pour ça…

vendredi 6 avril 2012

Industrie : des billes pour la politique de Hollande


Jean-Louis Levet is back ! Il est celui qui dès 1983 avait avertit du risque de désindustrialisation dans son livre « Une France sans Usines ? » (depuis, le point d’interrogation n’est plus de mise…).

Il signe aujourd’hui un nouvel opus sur le sujet : « Réindustrialisation, j’écris ton nom ». L’ouvrage a été écrit en collaboration avec un groupe d’une quinzaine de contributeurs. Il coûte 12 euros mais… il est intégralement téléchargeable gratuitement sur le site de la fondation Jean-Jaurès (liens ci-dessous).

On peut supposer que l’ouvrage ne restera pas étranger à François Hollande sachant que Jean-Louis Levet avait été entre 2003 et 2007, le responsable national du Parti socialiste chargé de l’Industrie auprès de François Hollande et que l’un de ses coauteurs, Dan Steinfeld avait exercé la mission de conseiller économique et budgétaire du Parti socialiste auprès de François Hollande, puis celle de directeur adjoint du pôle économique.

Puisque tout est accessible en ligne, je ne vais pas gloser. Sachez toutefois que,  jugeant que « la marginalisation progressive de l’industrie et de la production dans l’économie des pays développés n’a rien d’inéluctable » le livre propose  « un nouveau modèle de production pour la France » en six points :

1. Soutenir la créativité et le développement humain. Retrouver un régime de croissance fondé sur la principale richesse dont nous disposons : les femmes et les hommes qui travaillent et la jeunesse qui étudie.
2. Développer une économie de la qualité et des services rendus. Quatre priorités sont proposées : rééquilibrer les incitations en faveur des secteurs exposés, repenser le ciblage de la politique de la production sur des critères rénovés, rééquilibrer les relations entre donneur d’ordre et sous-traitants, créer les conditions d’une croissance verte.
3. De l’énergie pour tous et pour longtemps. Avec des propositions touchant à la politique industrielle, à la conduite d’une transition énergétique, à la lutte contre la précarité, à l’architecture et au fonctionnement du secteur électrique, au contenu d’une Europe de l’énergie.
4. Pour un Big Bang des territoires. L’ambition est de faire émerger dix à quinze grands projets territoriaux fondés sur un nouveau pacte de confiance entre l’Etat et les territoires.
5. Financer la nouvelle croissance. Réorienter l’épargne des ménages et la valeur ajoutée des entreprises vers l’investissement productif, savoir prendre des risques industriels, protéger et développer le tissu des PME, mettre fin aux excès de la financiarisation, passer d’une Europe de la concurrence à une Europe dans la concurrence.
6. Civiliser la mondialisation. Rapprocher les standards sociaux et environnementaux par la fiscalité, les normes et les technologies et donner des clés à l’Union européenne pour se doter d’outils offensifs équivalents à ceux d’autres pays industrialisés.

Lire le livre en version intégrale 
Lire la synthèse du livre