jeudi 20 septembre 2012

Réindustrialisation : un think tank de plus

Laurent Faibis : "jouer le coup
 d'après et pas celui d'hier"
L’Institut Xerfi, émanation de la société d’études économique Xerfi, a fait son coming out hier en tenant sa première conférence. Créé en juin dernier, ce think tank réunit, une vingtaine d'économistes, sociologues, philosophes, experts et chefs d'entreprise. Il vient compléter à sa façon le travail réalisé par l'autre  "laboratoire d'idée", celui présidé par Louis Gallois, La Fabrique de l'Industrie. Abondance de biens ne nuit pas.

Mais à quoi donc s’intéresse ce nouvel Institut ? A la réindustrialisation et la compétitivité de la France. Mais il évite sciemment le terme de réindustrialisation (je ne lui en tiens pas rigueur, malgré le nom de ce blog…). En revanche il a habilement forgé un néologisme qui peut faire florès :  « iconomie ». Avec un « i » pour, au choix :  informatique, imagination, intelligence, internet… Une façon de dire qu’il ne s’agit pas de reconstruire le passé mais d’inventer l’avenir. Et que cet avenir est placé sous le signe du numérique.

La conférence d’hier avait donc pour thème : « De l’économie à l’iconomie » Avec comme sous-titre     « Pour la compétitivité, la croissance, la renaissance de la France ». En préambule, Laurent Faibis, le président du groupe Xerfi, précisait : « passer de l’économie à l’iconomie, c’est construire le système productif du XXIe siècle. Il s’agit de replacer l’économie française au premier rang en jouant le coup d’après et pas celui d’hier. Pour cela il faut penser la rupture alors même que nous sommes en crise.»  Eh oui, vaste programme. Noble ambition.

L’Institut espère ainsi participer à définir « une vision, un dessein, une ambition qui se concrétise dans une orientation ». Et aider la France à « sortir du vide stratégique » qu’elle connaît depuis plusieurs dizaines d’années. Pour cela il fait appel à toutes les bonnes volontés. Avis aux amateurs…

Pour cette conférence de lancement, il ne fallait pas évidemment pas s’attendre à des solutions, mais à une mise en évidence des problèmes et la présentation de quelques pistes de réflexion.

Parmi les problèmes évoqués
-   Le retard patent de la France en matière d’informatisation, automatisation, robotisation
- La réticence des patrons à considérer l’informatique comme un investissement et non comme une dépense
- La vision économique faussée qui a, en France, conduit à privilégier les consommateurs depuis des décennies (« un keynesianisme simpliste » selon Christian Saint Etienne, économiste, CNAM)…
- Le système hiérarchique pyramidal et le mode management qui n’a pas encore intégré le nécessaire passage de la « main d’œuvre » au « cerveau  d’oeuvre » et ce que cela suppose de réorganisation

Parmi les réflexions   :
- La nécessité, à court terme, d’« un choc de compétitivité de l’ordre de 40 milliards d’euros en 2 ans » pour aider l’industrie à repartir (Christian Saint Etienne)
- Le passage à une industrie servicielle. Une industrie qui ne se contente plus de concevoir et vendre un produit mais s’adonne à la « production d’effets utiles et de solutions » (Philippe Moati, professeur Paris-Diderot). Autrement dit une industrie qui s’attache à apporter une solution produit/service à la satisfaction de besoins. Et qui, ce faisant, met le client au cœur de son dispositif.
- La définition d’une stratégie nationale pour la compétitivité de l’industrie (définie comme « tout ce qui s’exporte») qui s’appuie sur les régions. Selon Christian Saint Etienne, deux raisons imposent le relais des régions. L’une : « la globalisation est synonyme de métropolisation ». La seconde : « la régionalisation est une bon détour pour éviter les foudres de Bruxelles en matière de stratégie nationale. »

L’Institut Xerfi promet une nouvelle conférence « au printemps » pour faire le point sur les propositions qu’il entend faire, notamment aux politiques. On ira voir.

Pour en savoir plus
www.institutxerfi.org

lundi 17 septembre 2012

Le Royaume-Uni esquisse une politique industrielle

Le "laissez-faire" n'est pas la solution...
 Look at Germany !
Le secrétaire d’état britannique, Vince Cable, a indiqué lors d’un récent discours sa « vision du futur de l’industrie britannique.»  En d’autres termes il a jeté les bases d’une politique industrielle, terme jusque là peu apprécié par nos voisins d’outre-Manche. Ce n’est pas le redressement productif à la française mais l’esquisse d’une politique économique sectorielle et volontariste

La présentation de Vince Cable témoigne en tout cas que le point de vue des brits évolue :   « selon certains la meilleure chose que peut faire le gouvernement pour l’industrie est de rester à l’écart et de laissez-faire. C’est ignorer les réussites des économies comme celles de l’Allemagne ou la Finlande » souligne en effet le secrétaire d’état.

Bref, pour  lui,  l’intervention du gouvernement en matière d’industrie n’est pas taboue. Il note en particulier les deux raisons clés qui motivent son intervention. « Le gouvernement doit  planifier sur le long terme. Il doit également jouer son rôle pour corriger des inefficacités du marché  [market failures] par exemple dans le cas de l’éducation ou de l’environnement. »

Vince Cable poursuit en présentant les domaines dans lesquels il pense que le gouvernement peut avoir un impact réel et rapide sur l’industrie ce sont :
- L’accès au financement
- Le partenariat avec les secteurs industriels
- Le soutien aux technologies émergentes
- La création d’un flux de travailleurs qualifiés
- Les achats du gouvernement et le développement des supply chain

Parmi les actions envisagées dans ces cinq domaines,  on retiendra la création d’une banque soutenue par le gouvernement anglais pour favoriser la croissance des entreprises. Cette « Banque Pour l’Industrie » à l’anglaise qui « sera un puissant élément de soutien à notre politique industrielle » est « en cours de gestation » indique le secrétaire d’état.

Côté technologies on retiendra  les secteurs sur lesquels doit se focaliser la politique industrielle britannique  :
- La production  avancée (advanced manufacturing) notamment dans l’aéronautique, l’automobile et les sciences de la vie
- Les services à forte intensité de connaissance (éducation supérieure, industries créatives et services professionnels)
- Les secteurs tels que l’économie de l’information, la construction, l’énergie (y compris verte) et ceux du numérique et de la création.

Le discours de Vince Cable s’est accompagné de la publication d’une analyse détaillée de ces secteurs intitulée UK strategy : UK sector analysis. (37 pages en anglais).

A Lire
Le discours de Vince Cable

jeudi 13 septembre 2012

Les sept facteurs clés de la relocalisation (et les industries US qui en profitent)


Coming home
PriceWaterhouseCoopers (PWC) vient de sortir un rapport sur les motivations qui conduisent les entreprises américaines installées en Chine notamment à revenir au pays

Selon ce rapport, A Homecoming for U.S. Manufacturing? ce n’est pas seulement l’augmentation du coût du travail chinois qui conduit les entreprises sur le chemin du retour. Il identifie en réalité sept facteurs qui jouent en faveur d’une telle démarche. Ce sont :
- Les coûts de transport et d’énergie
- Les fluctuations des devises
- Les demandes du marché américain
-   Les compétences disponibles aux US
- La disponibilité de capital
-   Le coût du travail américain par rapport à celui de la Chine
-   L’environnement réglementaire et fiscal

Ce qui est peut être le plus intéressant est que le rapport  regarde à la lumière de ces facteurs quelles sont les industries qui sont le plus à même d’en profiter pour faire leur come back. Et les vainqueurs sont…
- Les industries productrices de métal, notamment l’acier
- L’industrie chimique
- Les industries qui produisent des biens d'équipement lourds
- S’y ajoutent, mais dans une moindre mesure, les industries du bois, du plastique et du caoutchouc.

On notera qu’un facteur important dans cette relocalisation est le coût en forte baisse de l’énergie due en particulier à l’exploitation des gaz de schiste qui procure aux US un gaz à très bon marché.

 A lire 
Le communiqué de PWC présentant l’étude (en anglais)

mercredi 12 septembre 2012

Sylob, ou l’ETI est-elle l’avenir de toutes les PME ?

Sylob, PMI albigeoise et qui
entend le rester
Un évènement parfois vous amène à douter de vos certitudes. Pour moi, c’est la rencontre hier avec une PME française Sylob. Il ya assez longtemps que je déplore que nos PME et nos start-up soient atteintes du syndrome de Peter Pan : elles ne croissent jamais très significativement. Cette idée d’une nécessaire et forte croissance fait aujourd’hui consensus. On ne rêve plus que de voir toutes les PME  se transformer en ETI et partir à la conquête du monde.

Sylob maintenant. La PME conçoit et installe des logiciels d’ERP (gestion intégrée d’entreprise). Elle est sur un créneau de marché bien défini : les ERP pour PME industrielles.  Elle a été fondée il y 21 ans à Albi par Jean-Marie Vigroux.  Elle réalise aujourd’hui 7 M€ de chiffre d’affaires (moitié vente de produits, moitié services) et emploie 90 personnes.

21 ans pour atteindre 7M€ et 90 personnes. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler une croissance phénoménale. En plus l’entreprise n’exporte quasiment rien. Et son patron aggrave son cas car il avoue ne pas ambitionner d’acquérir le statut d’ETI.

Alors faut-il montrer du doigt la PME et l’exhorter à un peu plus d’audace et davantage de croissance ? Eh bien c’est là où mes certitudes vacillent car l’entreprise suit avec constance son petit bonhomme de chemin. Ainsi :
- Elle a vu son CA croître de 15% et son résultat net de 24% sur l’exercice 2011-2012
- Elle vise une croissance d’au moins 10% pour 2013 et vise un CA de 10 M€ en 2015
- Elle possède une gamme de produits modernes et bien adaptés aux besoins des PMI industrielles (qui, soit dit en passant, ont bien besoin de tels outils)
- Elle vient d’ajouter un nouveau produit à sa gamme (un logiciel dédié à la gestion par affaires)

La PME a d’autres côtés intéressants. D’abord, elle est détenue à 85% par ses salariés. Ensuite, Jean-Marie Vigroux a mis en place de longue date une structure propre à assurer sa succession à la tête de l’entreprise qu’il n’entend pas revendre à quiconque (il avoue avoir déjà refusé des offres).

Enfin, ce gadzard, et fier de l’être, tient un vrai discours de gadzard : « je ne veux pas de la croissance pour la croissance. Mon ambition est de fournir aux PMI industrielles les meilleurs outils pour assurer leur développement. Pour cela je souhaite conserver une entreprise à taille humaine avec une certaine éthique qui nous empêche de faire n’importe quoi. »

Noble ambition. Cela peut-il continuer ainsi ? A vrai dire il ne semble pas y avoir de raison majeure pour que cela change. L'ETI n'est peut être pas l'avenir de toutes les PME... Mais, perfide, on ajoutera un  bémol : le collègue de l’albigeois Sylob, l’auvergnat Qualiac qui a suivi un parcours très similaire (créé en 1979 il compte 140 personnes pour un CA de 13,5 M€) a, lui, franchi un pas important en mars dernier. Il accentué son ouverture internationale en créant Qualiac Corporation aux Etats-Unis... Qu'en penser ?

mardi 11 septembre 2012

La majorité des américains pense que la météo peut affecter le cloud computing


Mais où sont les serveurs ?
Un petit clin d’œil aujourd’hui. C’est l’entreprise américaine Citrix qui a fait au mois d’août un sondage à propos de la perception des américains du « cloud computing ». Instructif.

Bien sûr il est amusant de constater que 51% des personnes interrogées pensent que « the weather can affect cloud computing ». Mais cela ne fait que traduire l’ignorance du sujet et le temps qu’il faut pour qu’une telle notion soit intégrée par tout un chacun. Savoir même si elle le sera un jour ? Après tout, il n’est pas besoin de savoir ce qu’est le cloud pour l’utiliser. Pas plus qu’une connaissance de l’électromagnétisme n’est requise pour regarder la télé.

Ainsi alors que 95% des personnes interrogées utilisent des services sur le cloud – Facebook, Gmail, You Tube…-   54% des américains pensent qu’ils ne l’utilisent jamais. Et on ne s’étonnera donc pas que 22% reconnaissent qu’ils ont fait semblant de savoir de quoi il s’agit alors qu’ils n’en ont pas la moindre idée.

Ferait-on mieux en France ? Certainement le lien avec la météo serait moins fort, le terme cloud que l’on utilise en France (qui parle de l’« informatique en nuage ? ) n’évoquant pas instantanément un nuage pour chacun. Mais si l’on utilise le terme officiel de « centrale de sécurité numérique », (voir le post le Cloud, affaire d’état ! ) comme l’a fait le récent communiqué de Bercy, il est sûr que les scores seront désastreux !

Voir les résultats du sondage 

lundi 10 septembre 2012

Le redressement productif en version américaine (livre à lire sans faute)

Si vous vous intéressez à la problématique du « redressement productif », comme on dit chez nous, voilà vraiment le livre à lire. A condition de lire l’anglais.  Son titre :  Innovation Economics. Son sous-titre : The Race for Global Advantage. Il vient tout juste de sortir.

L’ouvrage se veut un cri d’alarme pour alerter les américains de la gravité de la situation économique et industrielle. Mais, américain ou non, on y découvre tous les ingrédients pour comprendre en quoi la défense de l’industrie s’impose et pourquoi les gouvernements à y rôle à jouer. A recommander donc à tous ceux qui jugent que la réindustrialisation est une priorité. Ils y trouveront du grain à moudre.

Les auteurs sont Robert Atkinson, patron et fondateur du think tank américain ITIF ( the information technology and innovation foundation) et Stephen Ezell qui y est senior analyst. ITIF est une source d’information que les lecteurs de ce blog connaissent bien. Ses études y sont souvent citées.

Robert Atkinson et Stephen Ezell sont de farouches défenseurs de l’économie de marché et du libre échange. Cela pour dire que ce ne sont pas des gauchistes, bien qu’ils s’en prennent vivement aux économistes néo libéraux. Brièvement résumée leur thèse est que :
- La situation américaine est alarmante : de longue date la compétitivité de l’industrie américaine est entamée et que l’économie américaine en plein déclin
- C’est cette perte de compétitivité qui, indirectement, est responsable de la "Grande Récession" que l’on vient de connaître
- La perte de compétitivité américaine ne concerne pas seulement les vieilles industries mais également les industries innovantes
- Le gouvernement à un rôle important à jouer en mettant en place une politique d’innovation pour relancer le pays, l’industrie et l’innovation
- La source des maux de l’économie américaine est le pouvoir qu’exerce aux Etats-Unis la pensée économique néo libérale pour qui le marché à toujours raison et qui considère toute  intervention de l’état comme diabolique.

Cet épais ouvrage (431 pages dont plus de 60 de notes) décortique ainsi toutes les causes du déclin économique américain – en le comparant notamment au déclin industriel de la Grande-Bretagne. Il explique pourquoi l’Amérique se refuse à le constater ce déclin.  Il définit et explique ce qu’est une bonne « politique d’innovation », terme que les auteurs préfèrent à « politique industrielle ». Il explique pourquoi une telle politique est indispensable et donne des pistes pour la mettre en place.

Le livre  plaide enfin pour la création d’un système international d’innovation jugeant que les grands organismes actuels qui datent de l’après guerre – le FMI, la Banque Mondiale, l’OMC - sont démodés et totalement inadaptés pour répondre aux grands enjeux liés à la compétition mondiale telle qu’elle se présente aujourd’hui.

Et maintenant en route pour la productive recovery !

vendredi 7 septembre 2012

Le cloud, affaire d’état !

Un nuage bien français !
Mercredi c’était le jour de la présentation de Numergy, le cloud de SFR, Bull et ... de CDC

Jeudi, celui de Cloudwatt le « nuage » réunissant Orange, Thalès et… la CDC

Et vendredi dans un communiqué Arnaud Montebourg, Fleur Pellerin, et Louis Gallois (commissaire général à l’Investissement) se félicitaient « du lancement des deux premières centrales numériques de confiance françaises dans le cadre du programme des investissements d’avenir. » (centrale numérique de confiance semble le terme officiel pour cloud…)

Des ministres, des investissements d’avenir et partout la Caisse des dépôts (CDC) qui a investi 75 millions d’euros dans chaque projet (225 M€ au total chacun). On peut le dire : le cloud est une affaire d’état !

Et, faute de mieux, on ne peut que se féliciter que l’état s’en soi mêlé car l’enjeu est colossal. Le cabinet américain Forrester Research prédit par exemple que le marché du cloud passera de $41 milliards de dollars en 2011 à 241 milliards en 2020. IDC pour sa part pense que les services liés au cloud créeront 14 millions d’emplois dans le monde entre 2011 et 2015 dont plus d’un million aux Etats-Unis.

Il faut donc y être, et tant pis si l’initiative privée ne suffit pas, car le marché est aujourd’hui quasiment trusté par les entreprises américaines (Amazon, Google, IBM, HP…) qui ont dix bonnes longueurs d’avances.

L’ironie de l’histoire est que malgré cela les Etats-Unis s’inquiètent des initiatives étrangères. Un rapport du Think Tank ITIF de juillet dernier présenté devant le Committee on the Judiciary Subcommittee on Intellectual Property, Competition and the Internet, souligne les pratiques anti concurrentielles de certains états pour favoriser les clouds locaux (notamment en attisant les craintes sur la sécurité des données ou en exigeant que les serveurs soient implantés dans leur pays).

Le rapport souligne notamment l’initiative française et présente également celle du gouvernement chinois qui a bâti un complexe 7,800 mètres carrés baptisé  “Cloud Valley” qui offre des réductions d’impôts aux entreprises de cloud computing ainsi que des bureaux à bas prix pour qu’elles s’implantent à Pékin.

Dernière remarque, l’argent de l’état c’est bien, mais ça donne quand même une drôle d’image. Bull,  le partenaire informatique de Numergy, qui en connaît un rayon en matière de liens avec l’état tient ainsi à souligner : « Notre objectif n'est pas de bâtir une infrastructure répondant aux seuls besoins informatiques des entreprises et services publics français - même si la société que nous créons pourra évidemment, au même titre que d'autres, répondre à des appels d'offres publics -, mais bien de développer l'économie du Cloud non seulement en France, mais aussi plus largement en Europe. »

Bon, nous voilà rassurés.

A lire 
Le rapport de l'ITIF “Cloud Computing: An Overview of the Technology and the Issues Facing American Innovators”

jeudi 6 septembre 2012

Etes-vous prêt à entrer dans la nouvelle ère d’innovation ?

Et maintenant, en route vers
la nouvelle ère d'innovation !
Scott Anthony est l’un des responsables d’Innosight, le grand cabinet américain de conseil en innovation. Dans la dernière livraison d’Harvard Business Review il avertit : « nous sommes déjà entré dans une nouvelle ère d’innovation, la quatrième. Ce n’est que le début, mais les signes annonciateurs sont clairs. »

Si c’est la quatrième, trois l’ont donc précédée. Ce sont :
- Epoque 1 : l’innovateur inventeur solitaire, genre Edison
- Epoque 2 : les grandes entreprises avec leurs formidables départements de R&D
- Epoque 3 : les start-up

Alors cette quatrième époque ? Surprise ! Pour Scott Anthony, c’est le retour des grandes entreprises au premier plan sur des innovations majeures.

Selon lui, il y a trois raisons à cela
- Les start-up sont désormais confrontées à une  terrible pression concurrentielle. A peine ont-elles innové que des dizaines de concurrents surgissent, car l’innovation est aujourd’hui moins chère et plus facile à mener
- L’innovation produit et services tend aujourd’hui à céder la place à l’innovation de business models et ce sont les grands qui sont les mieux placés pour en profiter
- Surtout : les grandes entreprises ont adopté l’open innovation et un mode de gestion moins hiérachisé. En particulier elles ont mis en place des entrepreneurs internes, que Scott Anthony appelle catalyst (catalyseurs) ce qui s’accompagne de nouvelles méthodes de travail.

La thèse développée dans l’article est que ces fameux « catalyseurs » profitent à l’intérieur des très grandes entreprises de ressources et d’une puissance telle qu’ils peuvent développer des très vastes solutions inaccessibles aux autres. Il insiste en particulier sur la capacité de ces très grandes entreprises à innover à grande échelle dans des domaines jusque là réservés aux ONG et aux gouvernements, comme la santé.

Il cite trois exemples, dans des pays en développement, où la puissance de ces grands groupes liée à une nouvelle agilité a produit des résultats spectaculaires que, selon lui, aucune autre structure n’aurait pu accomplir, vu leur ampleur
- Le développement et la mise en place d’un vaste programme de dépistage des affections cardiaques en Inde par Medtronic
- Un produit innovant et un programme de purification d’eau pour les pays pauvres déployé par Unilever.
- Un programme de distribution de pesticides en petites doses accessibles aux fermiers les plus pauvres lancé par Syngenta et qui a démarré au Kenya.

Et pour prouver que ce modèle naissant d’innovation n’est pas réservé aux pays pauvres, un quatrième exemple est donné. Ce que fait IBM, avec son très vaste programme Smarter Cities, déjà mis en application dans plusieurs villes, dont Stockholm (où la gestion informatisée du trafic  a évité le percement d’un tunnel routier).

Convaincu donc qu’une nouvelle ère commence, Anthony pense qu’il faut s’y préparer et donne quatre pistes
- Il avertit que le capital risque doit revoir son modèle pour ;l’adapter à la nouvelle donne
- Il conseille aux jeunes innovateurs de regarder à nouveau du côté des grands groupes
- Il incite les patrons des grandes entreprises à vérifier si leur entreprise est prête à accorder la place qu’il faut aux « catalyseurs »
- Il dit aux employés qui ne sont pas satisfait d’aller regarder ailleurs, c'est-à-dire là où leur mode de travail de catalyseur  est accepté.

A lire 
L’article (payant) de Scott Anthony : The new corporate garage

mercredi 5 septembre 2012

Que veulent les industriels américains ?


Avec Obama, les Etats-Unis sont eux aussi des adeptes du redressement productif. Du coup les mêmes questions qui taraudent notre ministre du redressement productif se posent à l’administration américaine. Comment doper le manufacturing ?

Mais que pensent les industriels américains ? Que souhaitent-ils ?  D’après un article du Wall Street Journal (Industry Seeks Tax Fix, article payant)  les trois principales mesures qu’ils attendent sont

1. Une baisse de la « corporate taxe » 
Chacun son truc. Ici c’est le coût du travail, là bas l’impôt sur les sociétés. Il faut dire que d’après une récente étude de la School of Public Policy de l’Université de  Calgary les US seraient le pays de l’OCDE où les impôts sur les sociétés sont les plus importants. Le taux marginal effectif pour la fabricants américains se monte selon l’étude à 35,6% en 2012.

2. De meilleures infrastructures
Pour une fois voilà un problème que  nous n’avons pas alors que depuis 1970, les US ont vraiment négligé leurs infrastructures et « dramatiquement sous investi ». L’article indique par exemple que les américains sont amenés à utiliser les ports canadiens pour leurs importations de pièces car les leurs sont en trop mauvais état.

3. De meilleures formations 
Cette fois le sujet est universellement partagé. Les industriels américains attendent de meilleures performances du système éducatif, particulièrement en maths, physique, ingénierie.  Le problème, là bas également, est le manque de main d’œuvre qualifiée, notamment pour faire fonctionner et maintenir les outils de production sophistiqués des usines. « Vous pouvez avoir tous les crédits d’impôts que vous voulez, si vous ne disposez pas des compétences nécessaires, cela ne sert à rien » dit l’un des inrterviewés.

mardi 4 septembre 2012

Les “infratechnologies” boostent l’innovation


Nesta est une fondation britannique pour l’innovation. Elle vient de publier un rapport signé par Agnès Estibals intitulé « Infratechnologies – The building block of innovation-based industrial competitiveness ».

Qu’est ce que les infratechnologies ? Des sous-technologies ? Non des technologies qui sous-tendent les technologies, des technologies d’infrastructures. Ce sont «  les standards, le test, l’inspection, la certification et plus généralement les études de faisabilité techniques » et dit l’étude, « ces technologies et les institutions qui les supportent jouent le rôle de passerelles entre la recherche scientifique et le monde de l’entreprise  et entre les entreprises elles-mêmes. » 

Ces institutions forment un groupe diversifié : les une font partie du secteur public, d’autres sont privée, on y trouve des associations d’entreprises, des laboratoires, des instituts  etc.

Pour l’auteur ces infratechnologies ont « un puissant effet catalytique » et sont en partie responsables des succès des économies innovantes telles que l’Allemagne ou la Corée.

Ce rapport analyse en détail le mode d’action et le rôle des infratechnologies dans l’innovation en s’intéressant au cas spécifique de la mesure et des organisations de standardisation.

A lire 
 Infratechnologies – The building block of innovation-based industrial competitiveness (46 pages en anglais )

lundi 3 septembre 2012

Obama veut accélérer les économies d’énergie dans l’industrie avec la cogénération

Objectif : 40 GW supplémentaires
 en cogénération d'ici à 2020
Le 30 août dernier, le président Obama à signé une résolution pour promouvoir les économies d’énergie dans l’industrie. Cet effort devrait permettre à l’industrie d’économiser 100 milliards de dollars sur 10 ans ce qui aura un impact favorable sur les résultats et sur la compétitivité de l’industrie américaine ainsin que sur l’emploi. .

Selon la Maison Blanche, bien que l’industrie, qui consomme 30% de l’énergie américaine, se soit déjà engagée dans la voie de l’efficacité énergétique, il y a une opportunité de réduire la consommation d’énergie grâce à de nouveaux process tels que l’usage sur site de l’utilisation combinée de chaleur et de puissance, autrement dit de la cogénération.  

La résolution vise ainsi un  nouvel objectif de 40 GW de nouvelles installations de cogénération à l’horizon 2020, soit une augmentation de 50% par rapport à aujourd’hui.

Les 10 milliards annuels d’économies en énergie se traduiraient par « 40 à 80 milliards de nouveaux investissements ce qui conduirait à de nouveaux emplois dans l’industrie et à une réduction des émissions égale à celle de 25 millions de voitures. » dit le communiqué.

A lire 
Le communiqué de la Maison Blanche