mardi 28 août 2012

Pourquoi le premier ministre s’intéresse aux gaz de schiste…

Fracking or not fracking ? 
Lorsqu’on regarde ce qui se passe aux Etats-Unis en matière d’énergie et de gaz de schiste, on ne peut que se désoler du stupide blocage - décidé, par un gouvernement de  droite !- concernant cette source d’énergie. Les bénéfices tous azimuts – et en particulier sur le manufacturing – liés à l’exploitation débridée du gaz de schiste aux US ont en effet de quoi faire réfléchir et même saliver...

D’ailleurs, avant l’été le fameux Claude Allègre avait écrit un excellent article - au ton mesuré, à l’analyse fine et sans provocation…-  dans Le Point  pour dédiaboliser cette énergie (lien ci-dessous).

Bref, voici ce qu’écrit le Département américain de l’énergie dans son Annual Energy Outlook 2012 publié en juin dernier. Il fait état
- d’une modeste croissance de la demande en énergie dans les 25 ans à venir
- et d’une augmentation  de la production locale de pétrole et de gaz naturel  grâce au gaz de schistes dans ce dernier cas.

Résultat :
- « La production domestique de gaz aux Etats-Unis dépassera la consommation, ouvrant la voie à des exportations nettes ». 
- « La production d’électricité sera de plus en plus réalisée à partir de gaz et de renouvelables » (au lieu de charbon, notamment)
- « Les émissions de CO2 liées à l’énergie resteront de 2010 à 2035 en dessous de leur niveau de 2005 et cela même en absence de nouvelles réglementations. »

Dans le même temps, la production de gaz de schistes passera de 5000 milliards de pieds cube par an en 2010 (23% de la production de gaz américaine) à 13600 milliards de pieds cube par an en 2035 (49% de la production)

Et maintenant, regardez les chiffres publiés par l' American Chemistry Council qui analyse l’impact sur l’industrie d’une croissance, hypothétique mais réaliste,  de 25% de la production d’éthane permise par le gaz (de schiste) à bon marché. Cela générerait :
- 17 000 nouveaux emplois de haut niveau dans l’industrie chimique US
- 395000 emplois nouveaux hors industrie chimique
- 4,4 milliards d’apports en taxes fédérales et autres taxes
- 134 milliards de dollars de production économique supplémentaire
- Etc.

Certes, ces braves gens prêchent pour leur paroisse. Mais quand même, en ces temps de disette, et sachant que la France dispose de significatives réserves de gaz de schiste, on ne peut s’empêcher de se demander si on a bien fait de céder aux fantaisies de José Bové… Même si la France n’est pas les US et que pour diverses raisons (dont le code minier) les bénéfices ne sont pas nécessairement aussi rapides et aussi considérables on comprend que le premier ministre, ainsi d’ailleurs qu’Arnaud Montebourg, soit tenté de rouvrir le dossier. 

Le pire est que face à la légitime préoccupation – à mon avis -  du premier ministre, la droite en rajoute pour exploiter la position effectivement  très inconfortable des meilleurs amis des écologistes.  Nathalie Kosciusko-Morizet, se félicite ainsi d'avoir obtenu en son temps le retrait des permis d'explorer et dénonce  « la duplicité de ce gouvernement sur l'écologie ». Bref, sur ce dossier tout le monde semble à contre-emploi :  la polytechnicienne de droite avance les pions de Bové. Et la gauche verte semble rouler pour Total… 

A lire aussi
Monsieur Hollande, n'ayez pas peur des gaz de schiste ! , l’article de Claude Allègre dans Le Point.  

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