mardi 11 mars 2014

La révolution robotique qu’on risque de rater…

Robot d'Universal Robots : l'équivalent
du microordinateur en robotique
L’essayer c’est l’adopter. Confiant dans cette formule, pour promouvoir l’usage de robots dans les PMI de mécanique, le Centre techniques des industries mécaniques (Cetim) lance un service extrêmement original : le robot en location. 

La location de robots est une grande première. Mais, fait plus significatif encore, ce service témoigne d’une évolution majeure de la robotique industrielle. La location n’est en effet devenue envisageable que grâce à une récente génération de robots extrêmement prometteuse (voir article sur ce site ) : ils  sont très peu coûteux et, surtout, extrêmement facile à mettre en œuvre et à programmer. Cette flexibilité leur permet ainsi d’être installés en un clin d’œil. Mieux, ils sont capables de travailler sans qu’il ne soit nécessaire de les enfermer dans une cage pour protéger l’utilisateur : ils sont « collaboratifs ».

On peut saluer ici la clairvoyance du Cetim : il a su saisir rapidement l’opportunité qu’offrent ces nouveaux robots qui, d’une certaine façon, sont à la robotique ce que le microordinateur a été à l’informatique : ils créent un réel changement de paradigme et ouvrent par leurs caractéristiques, un champ nouveau à la robotisation.

Dans le même temps on peut se demander si l’industrie française se montrera capable de profiter de l’occasion pour relancer la production de robots industriels. Le grand plan robotique français qui vient d’être lancé en fanfare n’incite en effet pas à un optimisme démesuré. Il semble jusque-là passer à côté de cette évolution en se focalisant essentiellement sur la robotique de service…

Pour en revenir au service du Cetim, le robot qu’il a retenu est celui de la start-up danoise Universal Robots. Elle fait un malheur avec ses produits peu sophistiqués (ils sont peu précis et ne manient pas de charges lourdes) mais d’un coût et d’une flexibilité défiant toute concurrence. Installation comprise, le robot qu’a acquis le Cetim revient à moins de 30 k€. 

Il en coûtera quelque 3000 euros par mois à la PMI souhaitant tester ce robot. La première application proposée concerne le chargement/déchargement de machine (de décolletage ou d’usinage) pour des petites et moyennes séries. Le Cetim estime qu’une durée de location de trois à quatre mois devrait permettre à l’entreprise de valider l’intérêt du robot pour sa production.

Massard Décolletage, une petite PMI de la région de Saint-Etienne, est l’entreprise qui va inaugurer ce service. Le Cetim indique que, au vu des résultats de cette première expérience, il élargira progressivement son parc de machines en location en fonction de la demande ainsi que les applications visées.

Le Cetim qui croit beaucoup dans l’usage des robots collaboratifs espère également faire évoluer à cette occasion la réglementation qui, en France, ne permet pas encore de faire travailler un robot sans aucune protection vis-à-vis de l’opérateur

vendredi 7 mars 2014

Le gros « couac » de la télé médecine à domicile

Tu es prévenu : Big Brother te surveille !
Voilà une intéressante affaire à verser au brûlant dossier « numérique et vie privée ». Le 22 octobre 2013 a été pondu un arrêté concernant la prise en charge de l’apnée du sommeil par la sécu et qui suspend le remboursement en cas de non observance du traitement.

Les patients atteints de cette affection utilisent des machines dites PPC (Pression positive continue) qui, pour éviter les pauses respiratoires, ventilent les apnéiques pendant leur sommeil. Comme, grâce au numérique et la télétransmission on est désormais capable de savoir exactement quand et pendant combien de temps le malade a effectivement utilisé sa machine, a germé dans la tête de petits malins du ministère de la Santé l'idée de profiter de cette fonctionnalité pour conditionner le remboursement au bon usage de la machine, afin de faire des économies.

Le décret en question indique que si la machine n’est pas utilisée pendant au moins 3 heures par jour pendant 20 jours par mois, vous pouvez faire votre deuil du remboursement.

Pour permettre la mise en oeuvre de ce décret, Air Liquide qui fournit les équipements s’est appuyé sur les compétences d’une start-up, Srett, pour doter les machines de PPC d’un dispositif numérique qui suit effectivement l’usage de l’appareil et transmet par voie radio les données à un serveur. 

Tout semblait donc bien parti pour la mise en place d’une « belle » application de télémédecine dans laquelle le numérique allait pouvoir mettre bon ordre dans les dépenses de la Sécu et cela pour le plus grand bien du patient qui ne pourrait plus , sous peine d’« amende », se dispenser de suivre la prescription à la lettre.

Heureusement, le 15 février dernier, le Conseil d’Etat a décidé de suspendre ce décret estimant qu’il existe un « doute sérieux » sur la compétence du ministère à mettre en place un tel mécanisme. Sage décision : depuis quand peut-on imposer - indirectement - à un malade de suivre le traitement qui lui est prescrit ? Et jusqu’où une telle pratique pourrait-elle aller ?

En tout cas, cette histoire montre à quel point les formidables possibilités offertes par le numérique doivent être maniées avec précaution. Le numérique peut (presque) tout. Ce qui souligne l’importance du politique qui peut nous protéger de ses dérives potentielles ou, au contraire, nous y exposer. Dans ce cas, il a fait l’un après l’autre...