vendredi 19 avril 2013

Uniformes de la police : l'inconcevable réaction de Montebourg


Habillés par GDF Suez, ils seront tout feu
tout flamme... Pourquoi s'en plaindre ?
Il y parfois des faits extrêmement choquants, des ministres qui déraillent et cela ne semble pas choquer grand monde, sauf moi. Peut être me trompé-je ? Mais quand même. Je vous fais juge...

Avez vous vu cette histoire du renouvellement du marché des uniformes de la police ? Je rappelle les faits.

Ce vaste marché vient d'être attribué à un consortium réunissant « l'entreprise Ineo, filiale du groupe GDF-Suez et deux PME françaises : la Société des Productions Calaisiennes et Balsan employant près de 360 salariés en France.»

Je viens là de citer le communiqué de presse envoyé par le ministère du redressement productif, le 17 avril.

Continuons la lecture. On y apprend aussi qu'Armor Lux (qui détenait jusque là ce marché) a été évincé et que  la Direction générale de la Police nationale  qui a fait ce choix « a estimé que l'offre de Cofely Inéo était la meilleure.» 

Jusque là tout va bien . Et puis, surprise ! Voici la suite, où s'exprime Montebourg  :

 « Néanmoins, dans un souci de solidarité et de préservation des savoir-faire de la filière textile française, j'ai instamment demandé ce jour a Monsieur Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, de bien vouloir étudier sans délai, dans l'exécution du marché qui vient d'être confié a sa filiale Cofely Inéo, toutes les voies et moyens, permettant de maintenir le maximum d'emplois en France et de confier aux PME-PMI du groupement Armor, une partie du chiffre d'affaires et des pièces a réaliser.»

Incroyable ! Oui, vous avez bien lu :  le ministre veut confier au perdant de l'appel d'offres, "une partie du chiffre d'affaires et des pièces a réaliser" ! Au nom de quoi Montebourg peut-il demander cela  au patron de GDF Suez ? S'il y a une bonne raison, on aimerait la connaître. Sinon on aura vite fait de ramener sur le devant de la scène la photo de Montebourg s'exhibant en marinière... Armor Lux. Ce n'est pas très malin.

Après cela, dites moi : j'ai raison d'être choqué ou je délire ? Pour le quotidien Libération en tout cas, cela ne pose pas problème. Son papier sur le sujet ( la reprise de la dépêche AFP, en fait) se fait plutôt l'avocat d'Armor Lux, citant même un député PS de la région Finistère qui juge la décision  « affligeante »  et regrette la «fragilisation » d’Armor-Lux.

Cela  finit même par être risible car dans le même article, Libé-AFP cite aussi le PDG d'Armor Lux qui  de son côté affirme, parlant du non renouvellement du contrat,  avoir « largement anticipé ce risque. » 

Pour en savoir plus, on pourra lire avec intérêt le papier écrit sur son blog par le Pr. Carlos Moreno, Conseiller scientifique du Président de Cofely Inéo, GDF Suez.

jeudi 11 avril 2013

Etude : les TIC c’est bon pour l’innovation (à moins que ce ne soit l’inverse)


Au départ c’est un travail québécois du Cefrio (Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations, à l’aide des TIC) et d’HEC Montréal pour définir un Indice de l’innovation par les TIC.

Le Cigref s’est, si j’ai bien compris, greffé dessus pour mener en France une enquête sur l’innovation  et les technologies de l’information. Plus de 50 entreprises, membres du Cigref et d’une taille supérieure à 500 personnes ont été interrogées.

La principale conclusion :
« Plus une entreprise fait une utilisation intensive des TIC, plus elle innove. Et surtout, il faut souligner que ce n’est pas un type de technologie en particulier qui amène une innovation accrue, mais bien l’intensité d’utilisation des TIC en général. »
Cela dit, bien que je n’ai pas fait une étude statistiquement représentative je me pose une question. On observe une corrélation  entre « intensité de TIC » et « Innovation ». Cela peut en effet prouver que les TIC suscitent l’innovation mais peut être tout autant que … ce sont les entreprises les plus innovantes qui utilisent le plus les TIC ! Subtile nuance.

Que le Cigref choisisse la première hypothèse est naturel; personnellement j’ai un léger penchant pour l’autre explication. Quand l’esprit d’innovation est présent quelque part, il se manifeste aussi par un tropisme en faveur de l’utilisation d' outils modernes, dont les TIC.

Quoi qu’il en soit voici l’ensemble des conclusions de ce travail. Elles sont au nombre de sept, dont les deux déjà citées.

1 Un nombre limité d’entreprises ont effectué des innovations majeures au cours des douze derniers mois, en ce qui concerne leurs produits et services, leurs procédés, leurs stratégies de commercialisation ou leur structure organisationnelle. De plus, ces différents types d’innovations sont fortement corrélés, à l’exception de l’innovation organisationnelle : un groupe restreint d’entreprises effectue donc plusieurs innovations à la fois, tandis que les autres n’effectuent que très peu de changement.
Ce constat met en lumière le fait que les innovations sont de plus en plus systémiques. Une innovation
donnée se fait en parallèle au développement d’un nouveau produit, grâce à de nouveaux procédés,
qui demandent une nouvelle forme d’organisation et entraînent un nouveau mode de commercialisation. Il faut se garder d’avoir une vision simpliste de ces innovations.

2 Le portrait de l’usage des TIC dans les entreprises et organisations révèle que la majorité d’entre elles font un usage limité des technologies, à l’exception d’outils de base tels que le courriel ou les logiciels bureautiques. La nouvelle vague du numérique (mobilité, plateformes collaboratives, informatique en nuage, etc.) n’est pas l’apanage de la majorité. On parle beaucoup de ces technologies, mais on les utilise peu.

3 Pourtant, l’intensité d’utilisation des TIC dans l’organisation contribue favorablement et significativement à la capacité d’innovation. Les organisations les plus innovatrices sont de fortes utilisatrices des TIC. La taille et le secteur d’activité n’apparaissent pas comme des déterminants essentiels de la capacité à innover. Grandes comme petites, les entreprises qui utilisent intensivement les TIC accroissent leurs capacités d’innovation.

4 L’effet important vient de l’intensité d’utilisation, pas simplement de la présence de la technologie dans l’entreprise.

5 Les modifications significatives à l’organisation, ou changements organisationnels, sont également un facteur significatif pour innover et tirer profit de l’innovation ; dans une moindre mesure, la culture d’expérimentation et la tolérance au risque contribuent aussi significativement à l’innovation.

6 Les investissements physiques n’influencent pas significativement l’innovation et ne peuvent à eux seuls la susciter.

7 Au sein des entreprises et organisations qui affichent un fort changement organisationnel, l’innovation a un effet sur la performance de marché.

A lire 
L’étude « L’innovation par les usages et les technologies numériques. »

mardi 9 avril 2013

Rapport sur l'innovation : bien, avec un soupçon de réserve toutefois...

Pour l'innovation, prenez la première à gauche...
Comment se fait-il que le rapport sur l’innovation de Jean-Luc Beylat et Pierre Tambourin qui vient d’être publié (L’Innovation : un enjeu majeur pour la France - Dynamiser la croissance des entreprises innovantes ) ne me satisfait pas pleinement alors qu'il prend plutôt bien la mesure de son sujet et va dans le bon sens ?

En effet, il dit (enfin) des choses très importantes telles que :
-  « L’innovation ce n’est pas QUE de la R&D »
-  « Il faut […]  passer d’une vision où la dépense de R&D est la principale préoccupation, à une vision systémique axée sur les résultats en termes de croissance et de compétitivité. »
- « Il ne s’agit pas de dépenser plus d’argent public pour l’innovation, mais de le dépenser autrement et de manière plus efficace. »

Ensuite, il s’attaque au problème de façon globale et propose 19 recommandations regroupées dans quatre grandes catégories (voir ci-dessous) depuis la culture d’innovation jusqu’à la mise en place d’une politique d’innovation. Autant que je puisse en juger, les mesures proposées ne sont pas aberrantes, loin de là et visent une grande cohérence.

Et malgré tout, je ne suis pas enthousiaste. Est-ce parce que ce rapport qui aborde très intelligemment la problématique de l’innovation n’apporte au bout du compte pas grand-chose de réellement nouveau ?

Ainsi, il écrit très justement : « La France oscille entre le rêve américain de la Silicon Valley, où des innovations de rupture sont portées par des start-up, le rêve allemand d’un Mittelstand industriel bien établi et performant en innovation incrémentale, et une tradition française de la planification industrielle dans des filières régaliennes. Cette oscillation brouille la représentation que la France se fait de l’innovation car elle mélange innovation de rupture, innovation incrémentale et « politique industrielle stratégique ».

Cette analyse extrêmement pertinente suscite de grandes attentes. Mais dans le même temps, les recommandations que propose le rapport consistent finalement essentiellement à actionner toujours à peu près les mêmes leviers, d’où une certaine déception.

Le rapport laisse également  parfois l’impression de ne pas aller jusqu' au cœur des problèmes. Trois exemples :

-  Il souligne « le besoin de créer des entreprises à fort potentiel de croissance (spin-off et start-up). » Est-il si sûr qu’on manque de start-up ? Le problème n’est-il pas plutôt qu’elles ne deviennent jamais grandes et sont plus souvent qu’à leur tour rachetées, notamment par des entreprises étrangères ? Cela mériterait d’être examiné de plus près. (Cela dit, la recommandation 10 propose de "combler le manque de financement en fonds propres des entreprises innovantes", ce qui est déjà un pas dans la bonne direction)

- Il appelle à juste titre  à « organiser une politique d’attractivité des talents autour de l’innovation », autrement dit à favoriser l immigration des ces talents. Mais le problème n’est-il pas aujourd’hui celui de l’émigration en masse de nos talents, sujet dont on parle peu et qui soulèverait des questions d’une autre envergure si on voulait s'y  intéresser ?

- Le rapport reconnaît que « l’innovation est avant tout une affaire d’individus : la démarche d’innovation a une dimension entrepreneuriale » écrit-il. Mais est-il vraiment sûr que les politiques actuelles font tout pour favoriser l’entreprenariat dont il faut bien avouer qu’un des ressorts majeurs est souvent l'envie de devenir... outrageusement riche et non de payer 75% d'impôts ?

Bref, malgré ces réserves, ce rapport mérite d'être lu et, si vous le souhaitez, vous pouvez le télécharger ici. En attendant,  je vous en propose ci-dessous la synthèse la plus minimale qui soit : la liste des 19 recommandations regroupées en quatre grands thèmes.


Les 19 recommandations du rapport sur l’innovation de Jean-Luc Beylat et Pierre Tambourin

I. Développer la culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat

Recommandation 1 : réviser les méthodes pédagogiques de l’enseignement primaire et secondaire pour développer les initiatives innovantes

Recommandation 2 : mettre en place un programme de grande ampleur pour l’apprentissage de l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur

Recommandation 3 : favoriser l’essaimage à partir des grands groupes

Recommandation 4 : organiser une politique d’attractivité des talents autour de l’innovation

II. Accroître l’impact économique de la recherche publique par le transfert

Recommandation 5 : mettre en place le suivi opérationnel des 15 mesures pour une refondation du transfert dans la recherche publique

Recommandation 6 : favoriser la mobilité des chercheurs entre public et privé

Recommandation 7 : mettre en place un programme cohérent en faveur du transfert par la création d’entreprise

Recommandation 8 : focaliser les SATT sur la maturation

Recommandation 9 : mettre en place une politique cohérente de recherche partenariale public-privé, en regroupant les différentes politiques aujourd’hui éparpillées

III. Accompagner la croissance des entreprises innovantes

Recommandation 10 : combler le manque de financement en fonds propres des entreprises innovantes (capital-risque et capital-développement technologique) en mobilisant une faible part de l’épargne des français et en améliorant les stratégies de sortie possibles pour les investisseurs sur ces segments

Recommandation 11 : lancer des initiatives sectorielles early stage

Recommandation 12 : mettre en place les instruments d’une politique de protection (PI, normalisation) au service des entreprises innovantes

Recommandation 13 : harmoniser les différents labels et qualifications d’entreprises innovantes pour plus de lisibilité et les inscrire dans un parcours jalonné d’accompagnement vers la croissance, alignant de manière cohérente l’ensemble des outils de soutien disponibles

Recommandation 14 : inciter les grands groupes et les grands établissements publics à s’impliquer dans l’émergence et la croissance des entreprises innovantes, en intégrant de nouvelles dimensions dans leur
obligation de publication de RSE

IV. Mettre en place les instruments d’une politique publique de l’innovation

Recommandation 15 : reconnaître le rôle des écosystèmes d’innovation métropolitains comme points d’appui des stratégies régionales et de la stratégie nationale d’innovation

Recommandation 16 : organiser le système de transfert pour le rendre plus lisible et plus efficace

Recommandation 17 : se donner les moyens de concevoir, de piloter et d’évaluer une stratégie française de l’innovation, globale et cohérente

Recommandation 18 : mandater un opérateur unique pour la consolidation opérationnelle des politiques publiques de financement de l’innovation, la BPI (partie innovation)

Recommandation 19 : faire de l’innovation un vrai sujet politique, en organisant un vaste débat public

jeudi 4 avril 2013

Climat : les (surprenantes) nouvelles que vous n’avez pas lues…

Le thermomètre reste
stable depuis 15 ans ! 
« Depuis 15 ans, la température à la surface de la terre est restée tout à fait stable. Et cela malgré les quelque 100 milliards de tonnes de CO2 rejetées dans l’atmosphère entre 2000 et 2010. »

Avez-vous lu ou entendu en France cette information ? Moi non. Mais je l’ai en revanche lue dans un long papier consacré au sujet dans le numéro du 30 mars de The Economist. Non, je ne me trompe pas, il n’est pas question de Claude Allègre mais bien de The Economist qui n’est pas spécialement dans le camp des sceptiques du réchauffement. Et ce n'est pas le 1er avril que l'info a été publiée...

Le magazine anglais  se base sur les données de James Hansen, responsable du Goddard Institute for Space Studies,de la NASA. Il dit : « la courbe des températures globales moyennes sur 5 ans est plate depuis une décennie »

Deux questions se posent alors. La première : si on le constate sur un tel laps de temps comment se fait-il que l’information ne sorte que maintenant ?

Seconde question : comment se fait-il que cette information émanant d’une revue considérée comme fiable n’ait pas un pas eu un immense retentissement ? Ni même d’ailleurs un  tout petit retentissement ... Après tout c’est quand même une formidable surprise qui vient bouleverser à peu près tout ce qui se dit et s'écrit à propos du réchauffement de la planète et de l'effet du CO2 depuis des lustres.

En tout cas The Economist  reconnaît que cette information pose un réel problème, celui de la validité des  modèles climatiques développés jusque là et, surtout, de nos connaissances en termes d'effets du CO2 et des autres substances présentes dans l'atmosphère, du rôle des nuages etc.

L' article ne remet pas pour autant en cause la thèse du réchauffement. Il rappelle que les températures de la première décennie du XXIè siècle sont d'un degré plus élevées que celles de la première décennie du siècle dernier. Mais il pose la question : "est-ce que ce sont les très fortes augmentations de température des années 90 qui sont anormales ou bien l'actuelle stagnation ?"

The Economist s’efforce également de suggérer des hypothèses  explicatives et, sans succès, de donner une réponse à ce phénomène qui apparaît comme parfaitement mystérieux et, en tout cas,  inexplicable pour le moment.

Est également cité Ed Hawkins, de l’Université de Reading, en Angleterre qui,  lui, estime que l’augmentation des températures à la surface de la terre depuis 2005 se trouve dans la fourchette basse des prévisions issues de 20 modèles climatiques différents et que si ce phénomène continue, elle sortiront totalement du modèle d’ici à quelques années...

En tout cas, ce qu’écrit le magazine apporte une belle quantité d'eau au moulin des climato sceptiques. Je pense notamment à l’un des leurs plus farouches représentants, Bernard Beauzamy, patron de la SCM (Société de Calcul Mathématiques), entreprise spécialisée dans la simulation et l’application des probabilités.

 Je le cite car il se trouve que je suis abonné à la lettre que publie la SCM et que, dans sa dernière livraison (mars 2013), un article, basé cette fois sur les chiffres de la NOAA (National Oceanographic and Atmospheric Administration), met en évidence le fait que  le réchauffement climatique est devenu imperceptible depuis 2001. Et que si l'on remonte à 1997, le réchauffement n'est que de 0,0016°C par an ce qui, on l'avouera, n'a pas de quoi effrayer...

Bref, d'ici à ce qu'on apprenne qu'on entre dans une nouvelle ère glaciaire, il n'y a plus qu'un pas...


A Lire
Climate Science : a sensitive matter 
Le rapport de stage de Luc Maréchal à la SCM à partir des données de la NOAA

mardi 2 avril 2013

La fin (provisoire ?) du numérique « d’occasion » !


Ça vient de tomber. ReDigi a perdu son procès face à l’éditeur de musique Capitol Records.

 ReDigi c’est la start-up américaine qui s’est construite sur le numérique d’occasion, c'est-à-dire la revente par les utilisateurs, via ses services, des titres musicaux achetés par exemple sur iTunes (voir article).

 Capitol prétendait que c’était une infraction vis-à-vis du copyright et a obtenu gain de cause. ReDigi a fait appel.

Le résultat de ce procès était très attendu. Si Capitol avait été débouté, la voie de la revente en « occasion » de toutes les œuvres numériques se serait largement ouverte. Le New York Times note en outre qu’Apple et Amazon on déposé des brevets sur le numérique de seconde main mais ne les ont pas encore traduits par la mise en place de services.

ReDigi n’a pas dit son dernier mot. Outre l’appel du jugement, l’entreprise a souligné que c’était la version 1.0 de son système qui avait été fait l’objet de la décision mais pas sa nouvelle version 2.0.

Le juge a estimé pour sa part que « des versions ultérieures pourraient éventuellement être  compatibles avec le copyright » mais qu’en tout était de cause la V 1.0 ne l’était pas…

Bref : affaire à suivre.