jeudi 20 septembre 2012

Réindustrialisation : un think tank de plus

Laurent Faibis : "jouer le coup
 d'après et pas celui d'hier"
L’Institut Xerfi, émanation de la société d’études économique Xerfi, a fait son coming out hier en tenant sa première conférence. Créé en juin dernier, ce think tank réunit, une vingtaine d'économistes, sociologues, philosophes, experts et chefs d'entreprise. Il vient compléter à sa façon le travail réalisé par l'autre  "laboratoire d'idée", celui présidé par Louis Gallois, La Fabrique de l'Industrie. Abondance de biens ne nuit pas.

Mais à quoi donc s’intéresse ce nouvel Institut ? A la réindustrialisation et la compétitivité de la France. Mais il évite sciemment le terme de réindustrialisation (je ne lui en tiens pas rigueur, malgré le nom de ce blog…). En revanche il a habilement forgé un néologisme qui peut faire florès :  « iconomie ». Avec un « i » pour, au choix :  informatique, imagination, intelligence, internet… Une façon de dire qu’il ne s’agit pas de reconstruire le passé mais d’inventer l’avenir. Et que cet avenir est placé sous le signe du numérique.

La conférence d’hier avait donc pour thème : « De l’économie à l’iconomie » Avec comme sous-titre     « Pour la compétitivité, la croissance, la renaissance de la France ». En préambule, Laurent Faibis, le président du groupe Xerfi, précisait : « passer de l’économie à l’iconomie, c’est construire le système productif du XXIe siècle. Il s’agit de replacer l’économie française au premier rang en jouant le coup d’après et pas celui d’hier. Pour cela il faut penser la rupture alors même que nous sommes en crise.»  Eh oui, vaste programme. Noble ambition.

L’Institut espère ainsi participer à définir « une vision, un dessein, une ambition qui se concrétise dans une orientation ». Et aider la France à « sortir du vide stratégique » qu’elle connaît depuis plusieurs dizaines d’années. Pour cela il fait appel à toutes les bonnes volontés. Avis aux amateurs…

Pour cette conférence de lancement, il ne fallait pas évidemment pas s’attendre à des solutions, mais à une mise en évidence des problèmes et la présentation de quelques pistes de réflexion.

Parmi les problèmes évoqués
-   Le retard patent de la France en matière d’informatisation, automatisation, robotisation
- La réticence des patrons à considérer l’informatique comme un investissement et non comme une dépense
- La vision économique faussée qui a, en France, conduit à privilégier les consommateurs depuis des décennies (« un keynesianisme simpliste » selon Christian Saint Etienne, économiste, CNAM)…
- Le système hiérarchique pyramidal et le mode management qui n’a pas encore intégré le nécessaire passage de la « main d’œuvre » au « cerveau  d’oeuvre » et ce que cela suppose de réorganisation

Parmi les réflexions   :
- La nécessité, à court terme, d’« un choc de compétitivité de l’ordre de 40 milliards d’euros en 2 ans » pour aider l’industrie à repartir (Christian Saint Etienne)
- Le passage à une industrie servicielle. Une industrie qui ne se contente plus de concevoir et vendre un produit mais s’adonne à la « production d’effets utiles et de solutions » (Philippe Moati, professeur Paris-Diderot). Autrement dit une industrie qui s’attache à apporter une solution produit/service à la satisfaction de besoins. Et qui, ce faisant, met le client au cœur de son dispositif.
- La définition d’une stratégie nationale pour la compétitivité de l’industrie (définie comme « tout ce qui s’exporte») qui s’appuie sur les régions. Selon Christian Saint Etienne, deux raisons imposent le relais des régions. L’une : « la globalisation est synonyme de métropolisation ». La seconde : « la régionalisation est une bon détour pour éviter les foudres de Bruxelles en matière de stratégie nationale. »

L’Institut Xerfi promet une nouvelle conférence « au printemps » pour faire le point sur les propositions qu’il entend faire, notamment aux politiques. On ira voir.

Pour en savoir plus
www.institutxerfi.org

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