Quand la production s'en va, l'innovation s'en va aussi |
Les auteurs commencent par montrer l’effet pervers des délocalisations de la production qui a souvent pour effet d’éroder sérieusement les capacités d’innovation du pays. Souvent, pas toujours. Ils expliquent que dans certains cas – quand la production est modulaire, quand les processus sont matures – la délocalisation est possible sans trop de danger. Mais ils insistent en revanche sur les risques majeurs pour la compétitivité du pays que, hors de ces cas de figure, la délocalisation engendre car, alors, elle est liée à l'innovation.
Ils en concluent que conserver et relancer la production manufacturière aux US est crucial. D’autant que les technologies de production sont plus difficiles à copier que l’innovation produit. Et que, surtout, « le savoir faire en production est long à acquérir et très facile à détruire. »
Conclusion : le gouvernement doit faire quelque chose. Non pas en favorisant tel ou tel type d’industrie mais en soutenant l’innovation et en particulier celle qui à trait à la production.
La R&D en production financée par le gouvernement a eu par le passé des effets positifs sur l’industrie, soulignent-ils, citant en exemple les recherches menées en métallurgie et leurs retombées sur l’aéronautique. Mais, disent-il « depuis des décennies, ce type de R&D s’est asséché »
La solution selon eux : faire ce que préconise le Council of Advisors on Science and Technology du président : « consacrer 500 millions de dollars par an à une grande initiative concernant les moyens de production avancés. » Et ils vont même plus loin en préconisant de porter cette somme à un milliard de dollars, somme finalement « modeste » eu égard au budget gouvernemental annuel de R&D de 143 milliards de dollars. « Sans cela, une renaissance de la production américaine est illusoire » écrivent-ils.
Dans ce contexte, il est intéressant de noter que, comme on l’écrivait ici hier, en Grande-Bretagne, le premier institut de transfert de technologie à avoir été lancé est précisément celui concernant le High Value Manufacturing, avec un budget annuel de 140 M£.
Les auteurs concluent leur article avec un avertissement : « Les US ont mené depuis plusieurs décennies une expérimentation en vraie grandeur pour tester l’hypothèse qu’ils peuvent être performants avec une économie post-industrielle. Les patrons et le gouvernement doivent mettre fin à cette expérience avant qu’il ne soit trop tard. »
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