lundi 16 décembre 2013

Comment Air Liquide résout l’équation de l’innovation

Le fablab de l'i-Lab. Belle devise !
Inspiré par les travaux d’Armand Hatchuel, Pascal Le Masson et Benoît Weil enseignants-chercheurs de Mines Paris Tech, je notais dans le livre que j’ai consacré à l’innovation (« La vraie nature de l’innovation » voir ci contre) que « le classique modèle de R&D n’est pas adapté à l’innovation. » Ces chercheurs proposaient un autre modèle la « RID », avec un I pour « innovation » plus à même de favoriser le développement d’idées nouvelles.

Aujourd’hui, le groupe Air Liquide semble avoir fait sien ce point de vue en dévoilant sa nouvelle structure précisément dédiée à mettre le I d’innovation au cœur des développements du groupe. Il n’est pas le premier à le faire, mais sa démarche est instructive.

La structure s’appelle « i-Lab ». Elle est implantée au cœur de Paris – c’est-à-dire un peu à l’écart de la R&D du groupe, pour avoir sa vie propre -  et compte une quinzaine de personnes. La séparation d’avec les équipes de R&D n’est toutefois pas totale puisque l’i-Lab, dirigé par Grégory Olocco, est placé sous l’autorité d’Olivier Delabroy qui est… le responsable R&D de l’entreprise.

Cette structure pluridisciplinaire, avec ses ingénieurs, ses designers mais aussi des spécialistes des sciences humaines, a pour vocation d’explorer des idées nouvelles, de développer très vite des prototypes (notamment via son fab lab intégré) et d’expérimenter en vraie grandeur les fruits de ses travaux auprès d’utilisateurs. La « preuve de concept » est son ambition. Si elle est faite l’iLab passera ensuite la main à la R&D « traditionnelle ».

«  Nous sommes chargés d’identifier et de cartographier de nouvelles opportunités de croissance pour le Groupe. Nous  contribuons à décrypter les tendances, telles que la globalisation de l’industrie et les contraintes de ressources, les évolutions démographiques et de la consommation, l’urbanisation, les nouvelles technologies, pour mieux comprendre leur impact sur les usages des consommateurs » précise Grégory Olocco.

Autrement dit, il s’agit d’explorer tous les domaines « où le groupe a une légitimité » mais d’une façon radicalement différente de celle qui constitue le fonctionnement normal des équipes de R&D. Selon les termes d’Air Liquide, le laboratoire se veut ainsi  à la fois « think tank » et « corporate garage ». 

L’i-Lab travaillera à la fois sur des sujets de court et de long terme et aussi bien pour explorer de nouveaux marchés où le spécialiste des gaz peut se développer que pour mettre au point les technologies de production de ses « usines du futur ».

François Darchis membre du Comex en charge de l’innovation explique : « depuis une décennie pour assurer notre développement nous nous sommes efforcés de nous implanter dans de nouveaux pays, Chine, Moyen-Orient… ; désormais notre défi est de mieux comprendre ces marchés et de préparer l’avenir avec des innovations propres à satisfaire leurs besoins. » L’i-Lab français devrait ainsi être suivi de clones implantés à proximité des centres de R&D américains ou asiatiques du groupe qui compte quelque 6000 personnes en R&D.

 Parallèlement à cette annonce, Air Liquide a également présenté sa structure de capital risque, Aliad, hébergée dans les mêmes locaux et forte de 10 personnes. Elle a « vocation à investir dans des start-ups technologiques pour disposer d’un accès rapide et privilégié aux technologies développées ». Elle y consacrera « une centaine de millions d’euros d’ici à 2017. »

Après un an de fonctionnement Aliad  a déjà investi dans 5 entreprises. Parmi elle, l’australien Hydrexia qui propose des systèmes de stockage solides pour, l’hydrogène, les américains Terrajoule (pour la récupération de chaleur sur les unités de production d’hydrogène) et Plug Power (piles à combustibles pour chariots élévateurs).

1 commentaire: