jeudi 6 septembre 2018

Production des Tesla Model 3 : l’échec était assuré...


Tesla Model 3 : trop de robots tue les robots...
En 2016, Elon Musk, patron de Tesla annonçait qu’il allait produire dès le second semestre 2017 des Model 3 à très grande cadence et devenir le meilleur constructeur automobile du monde en osant ce que ses concurrents timorés n’avaient pas mis en œuvre : une production hyper automatisée qui changerait à jamais la donne de l’industrie automobile.

Beaucoup, dont ses investisseurs, y ont cru. Pas tout le monde. Pas moi. Il suffisait pour cela de savoir ce qui a fait le succès (inattendu) de Space X, sa firme de fusées, et de connaitre un peu l’industrie automobile. Dans ce cas, l’échec, aujourd'hui avéré, du pari de Musk était évident.

Quelles sont les raisons du succès de Space X ? On l’a compris après coup : Musk s’attaquait alors à une industrie peu concurrentielle, dominée par des agences étatiques endormies sur leurs lauriers et aux process figés. Pas question pour elles de prendre le risque d’innover en réévaluant des modus operandi donnant satisfaction depuis des lustres. 

 Space X en a profité. L’entreprise a revu et modernisé de fonds en combles la conception/fabrication des fusées, réussissant à innover profondément  tout en baissant radicalement les coûts.

 Le tsunami Space X a pris l’industrie spatiale de court, à la façon dont à la fin des années 70 les constructeurs d’automobiles ont subi la déferlante japonaise. Et c’est précisément pour cela que le pari de production de Tesla ne pouvait être gagné. Secouée par le Japon, l’industrie automobile –hyper concurrentielle, elle – s’est en effet attelée depuis plus de trente ans à améliorer et à optimiser sans relâche ses processus de conception/production. Elle a tout essayé et, en particulier, au milieu des années 80, s’est adonnée à l’hyper automatisation qui s’est révélée un échec. On a alors parlé de l’erreur de l’«automatisation à outrance ». C’est dire.

Le niveau de savoir-faire en conception/production de cette industrie est devenu tel que, même avec la meilleure volonté du monde, les meilleurs ingénieurs, les technologies les plus pointues et des montagnes de dollars – les ingrédients de Musk- il était impossible de faire beaucoup mieux que l’état de l’art, qui, de plus, évolue perpétuellement

Le patron de Tesla  a alors découvert que ce n’est pas par timidité que  les constructeurs n’ont pas joué la carte de l’hyper automatisation. Ce choix est tout bonnement le fruit de leur expérience : ils savent parfaitement ce qui, à un moment donné,  est automatisable et ce qui ne l’est pas.  Mieux, ils sont capables d’adapter le niveau d’automatisation en fonction des volumes et des caractéristiques des modèles produits.

Bref, l’industrie automobile n’est pas l’industrie spatiale et ce qui a fonctionné ici ne pouvait pas faire recette là. Elon Musk l’a découvert à ses dépens et n’a d’ailleurs pas été long à reconnaître qu’automatiser et robotiser toutes les opérations était stupide et contre-productif

Cela dit, aussi cuisant soit cet échec, il faut en retenir deux choses. Primo, l’extraordinaire capacité de réaction de Musk qui, en un temps record, a construit – sous une tente !- une unité de production efficace qui lui a permis d’atteindre – certes avec beaucoup de retard – les volumes envisagés.

Secundo, en franchissant allègrement les frontières du raisonnable, Musk et ses ingénieurs auront certainement beaucoup appris en matière de  process de production. Ils auront probablement repoussé certaines limites que les constructeurs classiques, non pas timorés mais prudents,  ne peuvent découvrir. A quelque chose malheur est bon…

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