lundi 28 mai 2012

Manufacturing : il se passe quelque chose d’ENORME !

Une bracelet fabriqué en stéréolithographie par Sculpteo
Privilège de l’âge : j’ai eu la chance de vivre les tous débuts de la microinformatique, rencontrant mon premier microordinateur dès 1972, avant même la sortie de l’Apple II. C’était une machine ridicule qui ne servait quasiment à rien. Des « fous » imaginaient que ça allait changer le monde. Le temps leur a donné raison.

Je vous parle de cela car une révolution du même type pourrait être en cours : la fabrication personnelle. L’idée : que chacun fabrique ses propres produits. Elle a beaucoup de point communs avec la révolution micro informatique.

- Elle est le fait d’une foule d’enthousiastes (on les appelle « makers »)  tout aussi convaincus que les « hoobbyists » des années 70 qu’elle est porteuse d’une profonde révolution. Et ils forment comme eux une communauté très active avec ses salons, ses revues...
- Elle est provoquée par la diffusion de technologies jusque là inaccessibles au commun des mortels. Pour le microordinateur, c’était la disponibilité du microprocesseur. Pour la fabrication personnelle ce sont les logiciels de conception 3D (la CAO) et les imprimantes 3D
- Ses ambitions apparaissent tout aussi « folles » que l’étaient celles de la microinformatique. Il semblait vraiment stupide d’imaginer le micro d’alors concurrencer la grosse et puissante informatique. Il paraît tout aussi ridicule (mais somme toute pas plus) d’imaginer la « fabrication personnelle » concurrencer les grosses usines. Surtout quand on voit les objets insignifiants qu’elle produit actuellement.

Comparaison n’est pas raison. Mais, instruits par l’histoire de la micro informatique, on ne peut s’empêcher de penser que, potentiellement, quelque chose d’énorme est peut être en train de voir le jour…

La fabrication personnelle, c’est donc l’usage de CAO 3D pour concevoir des produits. Ces fichiers sont alors envoyés à une « imprimante 3D «  (un système de stéréolithographie) qui par dépôt successifs du couches de matière réalise la pièce en dur. La technologie est utilisée de longue date dans l’industrie pour produire des pièces prototypes ou réaliser la fabrication en petites séries (on appelle alors cela la fabrication rapide).

La nouveauté est que beaucoup (dans les universités américaines notamment) ont commencé à mettre au point des imprimantes 3D « personnelles ». Des machines en kit à faible coût (de l’ordre du millier de dollars contre des dizaines de milliers pour les machines pro). C’est l’équivalent du micro par rapport aux ordinateurs de l’époque.

Un autre aspect de la « fabrication personnelle » se développe en parallèle. La mise à disposition auprès du grand public de moyens de production professionnels. En France une start-up, Sculpteo, propose ainsi à tout un chacun de produire ses pièces sur son parc de machines de stéréolithographie. Il suffit d’envoyer ses fichiers de CAO et le tour est joué.

Il y a plus évolué encore. Aux Etats-Unis, se développent de véritables usines entièrement mises à disposition des passionnés pour qu’ils réalisent les produits qu’ils ont conçus.  Elles offrent toute la panoplie d’outils de production (imprimantes 3D mais aussi machines outils, machines de découpe, atelier de peinture…) nécessaires à la réalisation de produits cette fois beaucoup plus complexes que ceux obtenus par la seule stéréolithographie.

La plus célèbre est TechShop. Elle offre des usines de plus de 10000 mètres carrés, super équipées en machines et ateliers, aux apprentis fabricants. Elle compte déjà cinq sites sur la côté Ouest en particulier et va en ouvrir un sixième à New York. Ford, sponsorise TechShop. Le constructeur automobile l’utilise en effet pour donner à ses employés innovateurs la possibilité de développer eux mêmes leurs innovations.

Indubitablement, il se passe quelque chose… A suivre.

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