Monsieur le ministre du redressement productif |
C’est un point positif. Comme l’est son importance. D’aucuns présentent en fait Arnaud Montebourg comme le numéro 2 du gouvernement. Il est entouré de deux ministres délégués. Sylvia Pinel est chargée de l'artisanat, du commerce et du tourisme et Fleur Pellerin est en charge des PME, de l'Innovation et de l'Economie numérique.
A ce propos on se félicitera également de voir l’innovation figurer explicitement dans les attributions de Fleur Pellerin qui vient par ailleurs de choisir son directeur de cabinet : Sébastien Soriano, un X Telecom jusque là rapporteur général adjoint de l'Autorité de la concurrence.
Le militant de la réindustrialisation ne peut donc que se montrer satisfait de la création de ce ministère. D’autant qu’ Arnaud Montebourg, affirmait il y a peu : « Nous devons penser que le producteur, l'entrepreneur, le chef d'entreprise, le créateur, l'ingénieur, le travailleur sont ceux qui assurent la prospérité d'un pays. Et sans eux, il est impossible d'imaginer un avenir. Un pays qui ne produit plus est dans la main des pays qui produisent. »
Reste désormais à savoir quel sera son réel pouvoir et ses choix…
Pour l’instant c’est assez flou. Et on peut déplorer que, l’actualité étant de qu’elle est, les premières manifestations d’Arnaud Montebourg soient plus centrées autour la problématique des plans sociaux que sur le redéploiement de l’industrie. Mais, évidemment, le sujet ne peut être évité et Arnaud Montebourg fait preuve d’un pragmatisme certain lorsqu’il affirme qu’il est probable qu’il ne sauvera pas tout le monde…
A quoi peut-on s’attendre ? Sans doute, si l’on en croit les propos d’Arnaud Montebourg, à la mise en place d’une solide « politique industrielle ». Il affirmait en effet en mars dernier devant les salariés des laboratoires Fournier : « Nous pensons que l'urgence autour du tissu industriel exige que nous prenions des décisions draconiennes et dirigistes, car notre économie est en danger »
Et nous voilà donc au cœur même de la problématique de ce blog et dans le vif du problème : une politique industrielle oui, mais laquelle ? Dans une interview au Journal du Dimanche, Arnaud Montebourg disait hier : « La reconstruction de notre appareil productif est une grande cause nationale. […] Il faudra inventer des soutiens de toute nature : recherche et développement, financement, fiscalité, réglementation, prix de l’énergie. »
Et oui, c’est bien cela : « il faudra inventer… ».
Pour l’instant, la première étape est clairement la création de la banque publique d’investissement et la création du livret épargne industrie et Arnaud Montebourg a déjà rencontré Jean-Louis Beffa, l’ex patron de Saint Gobain et inoxydable défenseur de l’industrie (il avait déjà inspiré Jacques Chirac…). Et après ?
On se permettra de faire une suggestion, en reprenant la récente étude du World economic forum qui écrit : « La pire politique industrielle est celle où les politiciens interviennent pour sauver des emplois, des métiers ou des secteurs industriels qui ne sont plus compétitifs. Le risque d'échec d'une politique industrielle est moindre quand elle suit les tendances du marché en s'appliquant à des industries qui font déjà preuve d'un avantage concurrentiel. »
C'est en fait surtout un ministère d'une autre époque : http://yannickrumpala.wordpress.com/2012/05/18/le-cadavre-de-la-modernite-industrielle-bouge-encore/
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