Louis Gallois ne lâche pas prise sur l’allègement des charges sociales Dans son fameux rapport, il préconisait un allègement de charges significatif sur les salaires intermédiaires pour relancer la compétitivité de l’industrie française. Il (on) a eu le CICE, crédit d’impôt compétitivité emploi.
Louis Gallois n’est plus Commissaire à l’investissement (il est aujourd’hui président du conseil de surveillance de PSA) mais il reste le président du Think Tank La Fabrique de l’Industrie et comme tel il n’en démord pas : il faut baisser les charges, réaffirme-t-il et, mieux, il enfonce le clou en insistant sur le fait qu’il faut progressivement arrêter de financer la protection sociale par les salaires.
Cela se passait lors du débat organisé par La Fabrique de l’Industrie et Coe-Rexecode le 17 septembre, débat auquel participait Louis Gallois aux côtés de quelques économistes distingués (voir en fin d'articles).
Thème du débat : « CICE, Pacte de responsabilité… : Quels sont les effets des allègements du coût du travail sir la compétitivité de l’emploi ? »
Prétexte de la conférence : le livre « Allègement du coût du travail – Pour une voie favorable à la compétitivité française », réalisé par Gilles Koléda à la demande de La Fabrique.
Ce livre, avec force études et simulations à l’appui affirme que le plus efficace en terme de compétitivité – je fais court - est l’allègement des charges sur les salaires intermédiaires (entre 1,6 et 3,5 fois le SMIC) et non, sur les bas salaires, niveau SMIC ou légèrement au-dessus, comme le voulait jusque-là la pensée (et la pratique) dominante. Ce qui tombe bien puisque c’est justement la thèse de Louis Gallois : « Je pense que la compétitivité est mieux ciblée en faisant profiter les salaires intermédiaires de l’allègement des charges » répétait-il hier.
On pouvait en tout cas apprendre ou se voir confirmer plusieurs points forts intéressants lors du débat.
1. Le CICE n' est qu' un pis-aller. Je n’osais par l’affirmer mais je le pressentais. Le CICE est loin d’être un dispositif très efficace. Sa mise en œuvre est complexe et il a fallu plus d’un an aux entreprises pour se l’approprier. En fait, plusieurs intervenants l’ont confirmé : la seule motivation de ce dispositif type usine à gaz était de ne pas charger outrageusement le budget 2013. Point. La politique a ses raisons que la raison ignore…
2. L’allègement des charges revient au galop. La première phase du CICE s’achève 2016. Et si l’on en croit l’ambiance générale à la conférence, ce qui se profile pour 2017 que ce dispositif ne soit pas reconduit et qu’on en revienne purement et simplement (pas si simplement d’ailleurs…) à la baisse des charges initialement préconisée. D’où le forcing du camp des partisans de l’allègement sur les salaires intermédiaires pour faire partager leur vision.
3. Il y a une logique de long terme avec l’allègement des charges. Louis Gallois a ainsi clairement laissé entendre que, pour lui, la question de savoir s’il fallait baisser les charges ne se posait pas, « Ce qui compte est de trouver le moyen le plus efficace. » Clairement, il pense la notion de protection sociale financée par les salariés n’est plus d’actualité. Elle doit être financée par tous (via la TVA ou la CSG).
Il y a une vraie logique de long terme derrière ce point de vue. L’abondance du travail salarié qui justifiait hier qu’il soit taxé, n’est plus là et risque de l’être toujours moins avec ce que promet la numérisation généralisée, les usines hyper automatisées et les nouvelles formes de travail à venir. Autrement dit, il est temps de trouver d’autres vaches à lait pour financer la protection sociale, le filon du salariat étant désormais presque épuisé
*Les intervenants à la conférence
Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Statégie
Eric Heyer, directeur de département analyse et prévision de l’OFCE
Gilles Koléda, ex directeur des études de Coe-Rexecode
Jean-François Ouvrard, directeur des études de Coe-Rexecode