Ce n'est pas que de la R&D (et réciproquement) |
Pour une fois les nouvelles sont plutôt bonnes. Même s’il trouve quelques points à améliorer, le rapport est très largement positif :
« Cette évaluation met en évidence l’efficacité de l’action des pôles de compétitivité. La majorité des entreprises membres des pôles déclarent avoir augmenté leurs investissements et effectifs en R&D depuis leur adhésion. Près de 66 % des entreprises membres affirment avoir créé des emplois et plus de 80 % en avoir maintenu. Enfin, un tiers des entreprises membres indiquent que leur appartenance à un pôle leur a permis d’augmenter leur chiffre d’affaires et d’améliorer leur capacité à exporter. » Le tout sans compter la création d'un nombre non négligeable de start-up. C'est bien.
Le copieux rapport de près de 180 pages passe au crible tous les aspects et tous les apports des pôles. Il s’achève par des propositions d’évolution et des recommandations pour l’avenir.
Au milieu de tout cela, une chose à retenu mon attention. « L’action des pôles en faveur des projets de R&D collaboratifs s’est portée davantage sur l’émergence et la structuration des projets, que sur leur accompagnement après obtention du financement et le suivi des résultats et des innovations produites » peut –on lire dans le rapport.
Et plus précisément : « Les dernières étapes du cycle de l’innovation avant la mise sur le marché ne sont pas bien couvertes par les instruments publics de financement et insuffisamment accompagnées par les pôles. »
Autrement dit, pour résumer un peu abruptement : les pôles c’est bien pour la R&D, un peu moins efficace pour l’innovation.
Cette faiblesse n’a en fait rien d’étonnant : la plupart des systèmes dits d’aide à l’innovation, en premier lieu le crédit d’impôt recherche (CIR), sont de fait des systèmes d’aide à la R&D. Sacrée différence ! L’innovation, c’est la mise sur le marché d’un produit ou d’un service. La R&D c’est… de la R&D. Et l’innovation ce n’est pas que de la recherche !
Beaucoup militent d’ailleurs pour le CIR ne se contente pas de financer la recherche stricto sensu et devienne un véritable outil d’aide à l’innovation. Une sorte de Crédit d’impôt innovation. Qu’il élargisse ainsi son assiette à la mise au point d’un prototype, les aspects marketing etc.
Dans ce contexte le rapport sur les pôles indique au chapitre recommandations que « la troisième phase de la politique des pôles doit être centrée sur le concept d’une « usine à croissance » des PME et ETI, couplée aux actions en faveur de l’écosystème d’innovation et de croissance. Les acteurs de l’écosystème fédérés par les pôles doivent désormais accroître leurs efforts pour obtenir encore davantage de résultats commercialisables, à travers une vision complète du cycle du projet. »
Si j’ai bien compris, cela signifie qu’il faut mettre davantage l’accent sur l’innovation, sur la mise sur le marché de produits (ou de services) innovants, sources de croissance. Cela ne paraît pas une mauvaise idée.
(Si vous êtes intéressés par l’innovation, j’en profite pour vous inviter à lire le livre que j’ai publié aux éditions Lavoisier et qui traite notamment des thèmes abordés ici. Il s’appelle : « La vraie nature de l’innovation. » Tout un programme !)
A lire
Le rapport complet sur l’évaluation des pôles de compétitivité (179 pages)
La synthèse du rapport (23 pages)
Le livre : "La vraie nature de l’innovation – Pourquoi elle met en cause les fondements de l’entreprise"
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