Patrick Artus, Natixis |
Entre nous soit dit, cette volonté commune risque de ne pas
simplifier la tâche. Je veux dire : il aura été beaucoup plus facile à l’Allemagne
de jouer avec succès la carte de l’industrie
quand elle était à peu près seule à le faire en Europe, qu’il ne le sera aux
nouveaux prétendants. Ils risquent de se bousculer au portillon…
Cela dit, Patrick Artus ajoutait :
« Il nous semble que le «vrai débat droite gauche» va porter sur la nature des politiques de réindustrialisation : à droite, des politiques économiques visant à mettre en place un environnement favorable (ou supposé tel) à la réindustrialisation : fiscalité, règles du marché du travail, poids de l’Etat et de l’emploi public, taux de change ; à gauche, des politiques interventionnistes étatiques : financement d’infrastructures, de projets industriels, soutien des entreprises innovantes… »
Ensuite,
il est frappant de constater que la très conservatrice Angleterre de Cameron n’hésite
pas elle aussi à jouer l’interventionnisme. Au micro de France Culture jeudi
dernier, Jean-Claude Sergeant (professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle Paris
3), rappelait qu’en novembre 2011 lors de l’Autumn Statement (préparation du
budget de mars prochain) avaient été prévues par le Chancelier de l’échiquier différentes
mesures pour un rééquilibrage de l’économie en faveur de l’industrie
manufacturière : un fonds de 30
milliards de livres pour des projets d’infrastructures (notamment une ligne de
train à haute vitesse entre Londres et Birmingham) et l’injection de quelque 20
milliards de liquidités auprès des banques avec mission pour elles de les transférer
auprès des PME. Ce n’est pas du libéralisme pur jus me semble-t-il…
L’urgence
de la situation de compétitivité joue peut-être un rôle d’édulcorant des
idéologies. J’en veux pour preuve que, sur certains diagnostics quant aux moyens
de restaurer la compétitivité de la France, on arrive à voir une mesure telle
que la baisse du coût du travail être soutenue à la fois par le Medef et… par
François Chérèque, le responsable de la CFDT précisant évidemment que « baisse
du coût du travail » ne signifie pas « baisse de salaire », mais
transfert des charges sociales vers d’autres instruments, comme la CSG (mais
pas la TVA sociale).
Assistons-nous
aux prémisses d’une « politique de réindustrialisation du centre » ?
Il faudrait demander à François Bayrou ce qu’il en pense…
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