Rodney Brooks avec "Baxter". Moins égale Plus |
Ces trois caractéristiques changent tout. D’abord parce qu’elles mettent la robotisation à portée de la moindre PME. Ensuite parce qu’elles permettent d’envisager l’utilisation d’un robot pour des tâches que, jusque là, on n’aurait même pas rêvé de robotiser. Plus besoin de débourser des mille et des cents pour un robot. Plus besoin de disposer d’un spécialiste de la programmation pour lui apprendre son travail. Plus besoin non plus d’enfermer le robot dans une cage pour protéger les opérateurs de ses violents mouvements. Plus besoin enfin d’adapter le process au robot et de le figer. S’installant en un rien de temps le robot sera tout aussi vite affecté à une autre tâche si l’activité de l’entreprise le demande.
Le premier à avoir sorti un tel robot – un bras robotisé six axes - est une start-up danoise, Universal Robots. Aidée par le fonds d'investissement de l'Etat danois, elle a été créée en 2005 et a mis son premier produit sur le marché en 2009. L’entreprise a désormais deux modèles à son catalogue, le premier né, capable de manier des masses de 5 kg, et depuis cette année, un compagnon plus costaud qui supporte des charges jusqu’à 10 kg.
Récemment un nouveau venu, nettement plus sophistiqué - il est notamment doté de deux bras - mais encore moins cher, est arrivé. Il vient des Etats-Unis. Il s’appelle Baxter. Il a été crée par un vieux routier de la robotique, Rodney Brooks. Ce professeur du MIT est notamment le cofondateur d’un entreprise de robotique à succès, iRobot, bien connue du grand public pour ses robots aspirateurs. Il a quitté l’une et l’autre pour fonder Rethink Robotics en 2008. Baxter fera sa première sortie publique le 22 octobre à la conférence robotique de Pittsburg.
Leurs robots différent, mais la philosophie des deux entreprises est strictement la même. Ils ont innové radicalement en changeant les règles du jeu de la robotique industrielle. En offrant moins de performances, ils en donnent plus ! Les trois fondateurs de la start-up danoise expliquent qu’ils se sont lancés quand ils ont découvert que le marché de la robotique était caractérisé « par des robots lourds, onéreux et difficiles à manier. » Ils ont créé Universal Robots avec l'ambition de rendre la technologie robotique accessible à tous en inventant des robots légers et simples d’emploi.
Le fondateur de Rethink Robotics – le nom de la société est explicite ! – raconte, lui, qu’il a pris conscience que les robots pourraient effectuer une multitude de nouvelles tâches s’ils étaient sûrs, adaptables et extrêmement faciles à programmer. De fait, dit-il, « tous les constructeurs essayaient d’atteindre ces objectifs, mais en partant des robots existants. » Lui est reparti de zéro en concevant un robot original dans le but avoué d’atteindre ces objectifs.
Laurent Picot, spécialiste de la robotique au Cetim (Centre technique des industries mécaniques) compare très justement ces nouveaux venus à la Logan de Renault (on pourrait également songer au micro ordinateur). Ils offrent en effet des performances limitées, aussi bien en termes de vitesse, de dynamique, de précision que de masse transportable. Rien à voir avec un « vrai » robot industriel. Mais qu’importe ! Ils sont si peu chers, si facile à utiliser, si sûrs de fonctionnement qu’ils vont pouvoir automatiser des opérations qu’il n’était même pas envisageable de robotiser.
Le bon démarrage d’Universal Robots témoigne du potentiel de cette génération. Partie de rien elle a déjà vendu quelques centaines de robots en Europe. En France, l’un de ses distributeurs, Expert, indique en avoir commercialisé une cinquantaine, en particulier pour des applications de chargement –déchargement de machines dans tous types d’industrie. Surtout, il dit en avoir vendu la bagatelle de huit à une PME de… 15 personnes ! Plus significatif encore, la PMI en question ne veut pas se faire connaître. Pour ne pas donner d’idées à la concurrence. Pour ne pas inciter non plus ses donneurs à lui demander de partager avec eux les bénéfices de sa nouvelle productivité…
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