Tesla Model 3 : trop de robots tue les robots... |
Beaucoup, dont ses investisseurs, y ont cru. Pas tout le
monde. Pas moi. Il suffisait pour cela de savoir ce qui a fait le succès
(inattendu) de Space X, sa firme de fusées, et de connaitre un peu l’industrie
automobile. Dans ce cas, l’échec, aujourd'hui avéré, du pari de Musk était évident.
Quelles sont les raisons du succès de Space X ? On l’a
compris après coup : Musk s’attaquait alors à une industrie peu
concurrentielle, dominée par des agences étatiques endormies sur leurs lauriers
et aux process figés. Pas question pour elles de prendre le risque d’innover en
réévaluant des modus operandi donnant satisfaction depuis des lustres.
Space X en a
profité. L’entreprise a revu et modernisé de fonds en combles la
conception/fabrication des fusées, réussissant à innover profondément tout en baissant radicalement les coûts.
Le tsunami Space X
a pris l’industrie spatiale de court, à la façon dont à la fin des années 70
les constructeurs d’automobiles ont subi la déferlante japonaise. Et c’est
précisément pour cela que le pari de production de Tesla ne pouvait être gagné.
Secouée par le Japon, l’industrie automobile –hyper concurrentielle, elle – s’est
en effet attelée depuis plus de trente ans à améliorer et à optimiser sans
relâche ses processus de conception/production. Elle a tout essayé et, en
particulier, au milieu des années 80, s’est adonnée à l’hyper automatisation
qui s’est révélée un échec. On a alors parlé de l’erreur de l’«automatisation
à outrance ». C’est dire.
Le niveau de savoir-faire en conception/production de cette industrie est devenu tel que, même avec la meilleure volonté du monde, les meilleurs ingénieurs, les technologies les plus pointues et des montagnes de dollars – les ingrédients de Musk- il était impossible de faire beaucoup mieux
que l’état de l’art, qui, de plus, évolue perpétuellement.
Le patron de Tesla a alors découvert que ce n’est pas par
timidité que les constructeurs n’ont pas
joué la carte de l’hyper automatisation. Ce choix est tout bonnement le fruit
de leur expérience : ils savent parfaitement ce qui, à un moment donné, est automatisable et ce qui ne l’est pas. Mieux, ils sont capables d’adapter le niveau
d’automatisation en fonction des volumes et des caractéristiques des modèles produits.
Bref, l’industrie automobile n’est pas l’industrie
spatiale et ce qui a fonctionné ici ne pouvait pas faire recette là. Elon Musk
l’a découvert à ses dépens et n’a d’ailleurs pas été long à reconnaître qu’automatiser
et robotiser toutes les opérations était stupide et contre-productif
Cela dit, aussi cuisant soit cet échec, il faut en
retenir deux choses. Primo, l’extraordinaire capacité de réaction de Musk qui,
en un temps record, a construit – sous une tente !- une unité de
production efficace qui lui a permis d’atteindre – certes avec beaucoup de
retard – les volumes envisagés.
Secundo, en franchissant allègrement les frontières du
raisonnable, Musk et ses ingénieurs auront certainement beaucoup appris en matière de process de production. Ils auront probablement repoussé certaines limites que
les constructeurs classiques, non pas timorés mais prudents, ne peuvent découvrir. A quelque chose malheur
est bon…
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