|
Rendre à nouveau l'industrie compétitive |
La semaine dernière, l’UIMM (union des industries et métiers de la métallurgie) a rendu publiques ses propositions, fruit d’un an de travail, pour favoriser la réindustrialisation de la France. Elle propose ce qu’elle appelle un
Pacte social pour une industrie compétitive.
L’UIMM avertit :
« Ces propositions doivent être prises dans leur ensemble. En isoler une pour l’analyser hors de son contexte c’est prendre le risque de perdre de vue l’équilibre général de la contribution. »
Suivant cette instruction à la lettre, nous publions donc tel quel le communiqué présentant les contributions de ses quatre commissions.
Contribution n°1 : Préparer les compétences nécessaires à l’essor de l’industrie
Pour se développer, l’industrie doit trouver, développer et préserver les compétences nécessaires et qualifiées. Une nouvelle politique de compétences naîtra d’un effort coordonné entre le système éducatif, les branches professionnelles et les régions. Cet objectif ambitieux devra conduire aux mesures suivantes :
-
L’acquisition effective par tous les élèves d’un socle commun des connaissances, compétences et règles de comportement nécessaires à l’entrée dans la vie active devrait devenir la priorité n°1 de l’enseignement primaire et secondaire.
-
Une promotion systématique des entreprises et métiers industriels auprès des prescripteurs de l’orientation des jeunes que sont le corps enseignant, les acteurs du service public de l’emploi (Pôle emploi, missions locales…) et les conseillers orientation des établissements scolaires et universitaires.
-
Un développement des liens entre l’école et l’entreprise pour favoriser la découverte par les élèves de l’industrie et de ses métiers.
-
Un renforcement de l’attractivité de l’alternance auprès des jeunes et des PME.
-
Un redéploiement des moyens de formation professionnelle vers l’alternance, la sécurisation des parcours et les métiers porteurs.
Contribution n°2 : Moderniser le marché du travail
L’évolution des parcours de vie, des parcours professionnels et des rythmes de conjoncture plus courts et plus incertains qu’auparavant nécessite de trouver un meilleur équilibre entre la sécurisation des mobilités et transitions professionnelles des salariés et l’assouplissement du cadre juridique des entreprises dans la gestion de leurs ressources humaines.
Cette réforme du marché du travail pourrait comprendre les mesures suivantes :
-
L’encouragement aux dispositifs préventifs visant à préserver l’emploi.
- Un encadrement juridique plus adapté de la gestion de l’emploi des entreprises.
- Une mutualisation du reclassement externe pour les PME.
-
Des mécanismes de retour rapide à l’emploi et des droits mutualisés au profit des demandeurs d’emploi.
-
Un redéploiement des moyens de formation vers la sécurisation des parcours et les métiers porteurs.
Contribution n°3 : Améliorer la qualité et l’efficacité du dialogue social
L’ensemble de ces réformes ne peut se faire que dans le cadre d’un dialogue social professionnalisé et opérant au bon niveau (l’entreprise, la branche et l’interprofessionnel). L’amélioration de la qualité et l’efficacité du dialogue social pourraient comprendre les mesures suivantes :
-
Une représentativité et une indépendance financière des partenaires sociaux principalement fondés sur l’adhésion.
-
Une primauté donnée à la négociation collective dans la construction des normes sociales.
-
Une représentation du personnel plus efficace, plus lisible, mieux adaptée à la réalité de l’entreprise et aux attentes des salariés.
-
Un paritarisme rénové, plus transparent et plus opérationnel.
Contribution n°4 : Réviser le financement de la protection sociale
Un choc de compétitivité est nécessaire pour restaurer l’attractivité du « produire en France », tant dans l’industrie que dans les autres secteurs d’activités :
-
Adopter un cadre pluriannuel stratégique pour piloter les évolutions du financement de la protection sociale, inévitablement étalées dans le temps, en complément du cadrage pluriannuel des lois de programmation des finances publiques. Une méthode adaptée devrait permettre de conjuguer des objectifs de moyen et long terme et des objectifs plus immédiats.
-
Basculer une partie des cotisations sociales vers d’autres ressources fiscales afin de gagner en compétitivité prix. Une première étape a été engagée avec le projet de loi de finances rectificative déposé par le gouvernement en février 2012, qui prévoit notamment le relèvement de 1,6 % du taux de la TVA normale. Une deuxième étape consisterait à rechercher un « choc de compétitivité », en supprimant ces cotisations familiales (désormais universelles et étrangères aux champs d’intervention des entreprises) pour l’ensemble des salaires (donc, au delà de 2,1 SMIC). Une compensation partielle pour les salariés pourrait être liée à la suppression de la cotisation salariale maladie résiduelle de 0,75% provoquant une hausse du salaire net. Une ou plusieurs étapes supplémentaires viseraient à retrouver une position concurrentielle satisfaisante vis-à-vis de notre principal partenaire et concurrent, l’Allemagne, en supprimant de manière progressive une nouvelle fois environ 6 points de cotisations, soit près de 35 milliards d’euros.
-
Cibler autrement les allégements généraux de cotisations, aujourd’hui centrés sur les « bas salaires ». L’effet de ces allégements sur l’emploi est certain, compensant ainsi le niveau élevé du smic. Mais ils profitent moins aux secteurs exposés à la concurrence internationale qu’à d’autres secteurs, du fait de niveaux moyens de salaires sensiblement plus élevés dans l’industrie.
A l’évidence, la contribution 4 est celle qui posera le plus de problèmes… Mais l’UIMM nous a avertis, dans son plan il faut tout prendre ou tout laisser.