Un contre exemple en matière de politique de soutien à l'industrie ? |
Ironie de l’histoire, le film de Michel Hazanavicius, ne doit rien aux dispositifs de soutien à l’industrie cinématographique. Il n’a bénéficié d’aucune aide et, en particulier, pas de celle de la Commission d’avance sur recettes. Pire, à l’occasion de ce film, Thomas Langman, le producteur, s’est même laissé aller à critiquer vigoureusement cette commission présentée comme un « comité de copinage ».
On ne peut lui donner entièrement tort. Il faut bien constater que la Commission a en effet permis de produire beaucoup plus de navets que de caviar.
Si The Artist est un fabuleux succès outre Atlantique, il le doit pour beaucoup au producteur américain Harvey Weinstein. Il le doit surtout au fait que tout le monde, des acteurs au producteur en passant par le scénariste, semble s’être donné le mot pour réaliser un film de qualité. Un film qui plait. Un bon produit. Et qui, astucieusement, a été conçu pour s’exporter : il est muet, donc immédiatement de portée internationale.
Alors, The Artist, pur produit de l’initiative privée, discrédite-t-il définitivement toute politique de soutien à l’industrie cinématographique ? Malgré les ratés de cette politique ce serait aller un peu vite en besogne car, malgré tous ses défauts, cette politique a au moins un mérite : elle a permis à l’industrie française du cinéma d’exister encore et, ce faisant, de conserver en France un savoir-faire qui s’incarne dans autant de personnes exerçant la vaste palette de métiers indispensables à la réalisation d’un film. Mais on attend toujours d’elle la production de succès planétaire...
Bref, les Oscars de The Artist sont l’occasion de tirer une bonne leçon en matière de politique industrielle : si elle veut être vraiment efficace elle ne doit pas se contenter de soutenir les canards boiteux. Autrement dit, elle n’est pas une alternative à la conception et la production de produits de qualité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire