Eldon Roth : les yeux pour pleurer... |
Que s’est –il passé ? Une bloggeuse américaine qui rédige depuis chez elle un blog consacré à l’alimentation a un laissé entendre que le type de viande produit par BPI allait être interdit dans les écoles. Elle a ensuite cru comprendre que BPI utilisait « de l’ammoniac » dans ses viandes. Elle s’en est alors fait l’écho et a lancé une pétition pour demander l’arrêt immédiat de l’utilisation de cette viande dans les écoles.
La nouvelle, plus ou moins déformée, a été reprise par la télé, bloggée, twittée. Résultat : plus de 130000 signatures pour la pétition.
Comme on ne plaisante pas avec la santé des enfants, le département de l’agriculture (USDA), tout en indiquant que la viande n’était pas dangereuse, a réagi en donnant le choix aux écoles d’utiliser ou non le type de viande produit par BPI. La défiance s’est alors emparée du public. BPI en a fait les frais. Cargill qui produit une viande du même type a lui aussi vu sa production chuter.
L’affaire est désolante. Depuis trente ans BPI produit cette viande. Il en a vendu des centaines de millions de tonnes. Elle est largement utilisée dans les hamburgers en particulier. Personne n’a jamais été rapporté d'intoxication. Jusqu'à preuve du contraire, la viande est irréprochable.
Pire, l'histoire de l'ammoniac n'a rien de rédhibitoire. Au contraire ! BPI utilise depuis 2001 de l’hydroxyde d’ammonium (pas de l’ammoniac !) pour rendre sa viande... encore plus sûre. Cet additif, autorisé et largement utilisé, a pour but de détruire toute bactérie éventuellement présente en augmentant le pH de la viande.
Alors comment expliquer cet embrasement ? Peut être simplement par les fantasmes liés au processus de production. Eldon Roth a en effet inventé un procédé qui permet de récupérer la viande restée sur les carcasses et qui était auparavant jetée car inutilisable telle quelle. Il la valorise en retirant le gras. La viande est chauffée à 37°C, le gras éliminé par passage dans une centrifugeuse et le maigre immédiatement congelé et vendu sous le nom de « lean finely textured beef ». Ce n'est pas très appétissant mais ce n'est que du maigre de bœuf.
Cette viande a beau être inoffensive, rien n’y fait. Plus personne ne veut du bœuf « maigre et finement texturé » de BPI. Il n’a plus qu’à fermer l’une après l’autre ses usines.
L’histoire se trouve dans Business Week du 16 avril.
La moralité ? Elle est double :
- Primo : l’industrie agro alimentaire est vraiment une industrie à hauts risques
- Secundo : faites confiance aux journalistes, les vrais, comme ceux de Business Week qui ont fait sérieusement leur travail en remettant les choses à leur place. Journaliste, eh oui, c’est un métier…
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