En France, il n'y a pas que le fromage et la mode ! |
Cause de cette hémorragie de talents, la politique agressive menée d’abord par le Québec, puis le Canada anglais, pour attirer les entreprises. Des aides à la production qui atteignent jusqu’à 50% des coûts de développement. Résultat, une entreprise comme Ubisoft, le principal acteur français du jeu vidéo compte ainsi plus de 5000 personnes au Québec et seulement 1200 en France.
Désormais, d’autres pays, à grand renfort de subventions, tentent également d’attirer sur leur sol les entreprises françaises. Parmi eux, les Etats-Unis, la Corée, la Chine et même Abu Dhabi …
Cette féroce compétition s’explique par le formidable potentiel de cette industrie, souvent sous estimée. Elle réalise un chiffre d’affaires mondial de 52 milliards d’euros (2,7 milliards d’euros en France) qui croit régulièrement au rythme de 10% l’an. En 2014 le chiffre d’affaires devrait dépasser largement celui de l’industrie cinématographique pour atteindre 90 milliards d’euros !
Forte d’un savoir faire reconnu, la France y figure en extrêmement bonne position. Ses entreprises, réunies pour la plupart au sein du syndicat national du jeu vidéo* (SNJV), investissent chaque année quelque 400 millions d’euros sur le sol français dans la production de jeux de tous types : jeux pour consoles, pour téléphone mobile, pour Internet etc. Elles exportent 70% de leur production.
Pour soutenir cette industrie, Frédéric Lefebvre, ministre du commerce extérieur, a annoncé ce matin une première mesure : un vaste programme destiné à aider et à soutenir la filière à l’exportation. C’est une initiative appréciée par Nicolas Gaume, président du SNJV. Elle s’accompagne de la création d’une marque « Le Game » (photo) destinée à mette en lumière et à valoriser le jeu vidéo made in France.
Il est certainement temps de prendre vraiment au sérieux cette industrie. Mais avant cela il est urgent de résoudre un imbroglio européen. La France a crée en 2008 un crédit d’impôt spécifique (20% des coûts de développement) pour soutenir la production de jeux dans l’hexagone. Le dispositif est arrivé à expiration fin 2011. Et il se trouve que Bruxelles, au nom de la concurrence, se fait tirer l’oreille pour accepter sa reconduction. Un comble !
« Nous sommes confiants, note toutefois Nicolas Gaume, car les autres pays européens, en particulier le Royaume-Uni et l’Allemagne, nous soutiennent. » Le premier, qui excelle dans les jeux pour console, et le second, bien placé sur les jeux en ligne, ont en effet la volonté d’instaurer à leur tour une aide de ce type à leur industrie.
Reste que, comme le prouvent les délocalisations d’entreprises, cette mesure, nécessaire, ne semble pas suffisante. Le crédit d’impôt a permis de soutenir, entre 2008 et 2011, 100 projets pour 32 millions d’euros, mais n’a pas stoppé l’exode des cerveaux.
Y-a-t'il quelque chose à faire ? On en aura peut être une meilleure idée le 13 mars prochain. Le SNJV se propose en effet d’organiser une conférence de presse au cours de laquelle il exposera ses idées en la matière. Je vous tiendrai au courant.
*A l’exception évidemment de Vivendi. Il est le leader mondial des éditeurs indépendants mais le doit au rachat d’Activision et Blizzard, entreprises américaines installées aux États-Unis
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