La Suède sociale démocrate a longtemps été un modèle. Jusqu’en 1990, lorsqu’elle s’est effondrée. La voici à nouveau promue au rang de source d'inspiration parce qu’elle a su se réformer en profondeur. Elle exhibe aujourd’hui une économie performante et une industrie en pleine forme et fort productive. Elle devance même l’Allemagne sur quasiment tous les indicateurs (croissance du PIB, PIB/habitant, compétitivité, balance commerciale, dépenses de R&D…).
Dans le cadre de La Fabrique de l’Industrie, Emilie Bourdu nous présente en détail cette nouvelle Suède dans un bref et intéressant ouvrage préfacé par Louis Gallois : « Les transformations du modèle économique suédois ».
Le livre est tout a fait d’actualité car, au-delà de nombreux points communs avec la France – en particulier un état providence et une industrie composée de grands groupes et de PME – les mésaventures suédoises et la façon dont le pays s’est sorti de la crise peuvent servir de leçon au moment où nous sommes enfoncés dans un marasme qui n’a rien à envier aux pires moments de la Suède des années 90.
Ce livre est ainsi source d’optimisme : il démontre qu’il est possible de sortir de la crise par le haut sans (trop) sacrifier le modèle social démocrate, ou plutôt les acquis de l’état providence puisque notre président se refuse à se définir comme social démocrate
Cela dit, malgré la pertinence du Modèle, on peut craindre qu’il soit plutôt difficile à imiter. L’une des recettes de la Suède est en effet le résultat de la grande efficacité du dialogue social qui conduit à des consensus en matière de réformes, aussi sévères soient-elles. La France a bien du chemin à faire…
Autre recette du modèle, une politique fiscale radicalement différente de la nôtre. Certes, les prélèvements ont des niveaux similaires (environ 46% du PIB en 2011) mais les structures des recettes fiscales divergent profondément. Ainsi en Suède l’impôt sur les sociétés n’est plus que de 22% en 2013 (contre 52% à la fin des années 80 !) alors que les ménages sont taxés à hauteur de 14,8% du PIB (contre 7,9% en France). Les cotisation sociales sont, elles, de 7,4% du PIB en Suède (16,9% en France) et les recettes provenant des taxes indirectes, majoritairement la TVA, y sont de trois points plus élevées.
Bref, la Suède taxe davantage les ménages pour financer les recettes liées à l’état providence alors que la France privilégie les charges sociales. L’ironie du dispositif est que les recettes liées à la fiscalité des entreprises sont de moitié plus élevées en Suède qu’en France (3,4% contre 2,3%). Le fin mot de l’histoire tient au seul fait que la meilleure profitabilité des entreprises permet de rapporter davantage tout en taxant moins les bénéfices !
Parviendra-t-on a acclimater ne serait-ce qu’une partie des solutions mises en œuvre en Suède ? Avec le temps peut-être... Il faut se rappeler que la Suède a adopté le modèle social démocrate dès les années 30 (et l’Allemagne dans les années 50). Il serait peut être bon d’accélérer la manœuvre !
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