Pierre Haren sait vous faire froid dans le dos. Le fondateur de la brillante start-up du logiciel, Ilog, rachetée l'an dernier par IBM, est inquiet de la menace chinoise et, le moins qu'on puisse dire, est qu'il vous fait partager son angoisse.
Pour cela, il vous raconte, entre autres, la petite histoire d'une jeune start-up chinoise qu'il a rencontrée en Chine. « Lorsque j'ai demandé de la documentation à son patron, il m'a dit qu'elle n'existait qu'en chinois » dit Pierre Haren. La logique de la start-up est en effet de croître et prospérer sur son très vaste marché. Une fois une taille respectable obtenue, il estime qu'il sera alors suffisamment fort pour attaquer... le marché américain. Il se donnera alors la peine d'éditer une documentation en anglais.
Voilà de quoi décourager tout français de créer sa propre start-up. Il n'a qu'un petit marché local, un marché européen fragmenté à conquérir pays par pays. Comment peut-il devenir suffisamment gros pour s'attaquer à la terre promise américaine ? Cette situation explique d'ailleurs en partie la croissance très limitée de nos start-up hexagonales. Et, en revanche, celle, fulgurante, des jeunes pousses d'outre-atlantique. Il y a belle lurette qu'elles pratiquent à l'instar de notre patron chinois, s'appuyant sur un grand marché national pour partir à la conquête du rest of the world. Alors, imaginez maintenant ce que cela donne quand le marché intérieur n'est plus celui des Etats-Unis, mais celui de la Chine (ou de l'Inde) !
Bien sûr, on peut se consoler en constatant que, nombre mis à part, le marché chinois est loin d'être aussi solvable que son homologue américain. Mais, quand même...
Si, en plus, vous rapprochez cela des propos du patron de General Electric (voir le post du 11 novembre) qui prône de développer des produits pour les pays émergents dans les pays émergents pour attaquer ensuite les marchés des pays développés, il y a alors vraiment de quoi paniquer. Que nous reste-t-il donc ?
Pierre Haren offre une parade. Il dit : « les fondateurs de start-up ont le réflexe de créer leur entreprise dans leur pays. Cela vaudrait peut être le coup de se demander s'il ne serait pas préférable de la créer en Chine... » Et de justifier cette surprenante proposition par l'exemple israélien. Confrontées à un minuscule marché intérieur, il y a longtemps que les start-up israéliennes ont fait le choix de s'implanter en Californie, ne gardant généralement en Israël que la R&D. Et oui. Il faut faire avec le marché intérieur que l'on a...
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