Exploiter les milliards de milliards d'octets déversés chaque années sur Internet |
Plus significatif encore peut être. General Electric vient d’investir pas moins d’un milliard de dollars dans un centre de R&D consacré au sujet. Il ouvre le mois prochain et abritera quelque 400 chercheurs. GE a recruté en masse des spécialistes qu’il débauche dans des entreprises telles que SAP, Oracle, Symantec ou Cisco Systems.
Big Data ? C’est le nom donné aux technologies permettant d’exploiter et de donner un sens pertinent aux fantastiques masses de données disponibles, notamment sur le cloud. Hier on appelait cela « data mining ». Le nom a changé car le volume de données sur lequel travaillent les afficionados du Big Data, ainsi que le traitement en temps réel, impliquent la mise en œuvre de technologies entièrement nouvelles. De multiples start-up s’y attellent, en particulier dans l’inévitable Silicon Valley.
L’application type des Big Data est celle que fournit Facebook ou Amazon. Exploiter les colossales masses de données fournies par leurs centaines de millions d’utilisateurs pour par exemple cibler sa publicité ou fournir aux utilisateurs des recommandations personnalisées.
Ce versant marketing n’est qu’un aspect de l’affaire. Si GE s’y intéresse c’est par exemple pour, à partir des données récupérées sur le fonctionnement de ses moteurs d’avion, fournir des recommandations aux utilisateurs notamment pour l’aide à la maintenance. IBM, le leader du secteur, aide, lui, les compagnies pétrolières à mieux exploiter les puits de pétrole à partir de données recueillies.
Il y a en réalité une multitude d’autres applications potentielles, à peine envisageables aujourd’hui, à développer autour de l’exploitation intelligentes des données. Henri Verdier, spécialiste français du sujet et, entre autres, fondateur d’une belle start-up vouée aux Big Data (mfglabs.com) imagine ainsi qu’une myriade de jeunes pousses vont se développer pour bâtir de telles applications. Il cite par exemple cette start-up israélienne qui, à partir de données recueillies sur les téléphones mobiles des automobilistes, fournit des indications précises sur les bouchons routiers en temps réel.
Le développement actuel de la technologie doit évidemment tout à la prolifération incroyable de données. C’est plus de 1 Zetta byte de données ( 1021 octets, soit mille milliards de milliards d’octets) qui sont déversés par an sur Internet. S’y ajoute la prolifération de capteurs peu chers qui permettent de récupérer à faible coût des quantités de données à partir de n’importe quoi. Il y a de quoi faire !
La France peut-elle se faire une place dans le secteur ? Henri Verdier pointe les atouts du pays sur ce sujet : le formidable niveau de ses mathématiciens (Pierre Louis Lyons, médaille Fields est d’ailleurs l’un des fondateurs de mfglabs), les qualités reconnues de ses designers (pour bâtir des applications ergonomiques) ainsi que celles de ses informaticiens.
C’est bien. Mais face aux investissements massifs des entreprises telles que GE ou IBM, on se sent toutefois peu démuni. Pourra-t-on suivre le mouvement ? Il y a en France plusieurs initiatives, dont un appel à projet concernant les Big Data qui a été lancé en mars dernier dans le cadre des investissements d’avenir. Mais que représentent ses 25 millions d’euros face au déferlement de dollars américain ? Y a-t-il une entreprise française capable comme GE d’investir massivement sur le sujet ?
La question mérite d’être posée, en tout cas si l’on en croit Michel Chui, de Mac Kinsey. Cité par Business Week (30 avril), il dit : « le potentiel de cette technologie est si immense qu’il est impossible d’estimer la valeur du marché correspondant. » Il n’est pas interdit de rêver que la France - et l’Europe - en prennent une part…
Voir aussi
Le blog d'Henri Verdier
L'appel à projets investissements d'avenir
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