Le titre du livre – On m’avait dit que c’était impossible – ne reflète que médiocrement son contenu car nulle part l’auteur ne n’évoque ce problème. Le sous-titre - Le Manifeste du fondateur de Criteo – est un peu tapageur. Ce n’est pas un brûlot ! L’accroche – Une fois n’est pas coutume, un dirigeant iconoclaste décide de faire voler en éclat les clichés – cumule les défauts : elle ne reflète pas le contenu, est bien trop tapageuse et pour le coup hors de propos : le dirigeant en question n’est pas iconoclaste et ne fait pas vraiment voler en éclat beaucoup de clichés.
Cela dit, le livre de Jean-Baptiste Rudelle (JBR), est formidable et formidablement intéressant. Il faut le lire de toute urgence.
Qui doit le lire ? Tout le monde. L’étudiant. L’entrepreneur qui veut se lancer dans l’aventure start-up. L’homme politique, et plus largement tout décideur qui se demande ce qu’il faut faire pour que la France tienne son rang à l’ère numérique. Les chefs, sous chefs, hommes du rang de l’entreprise ainsi que les simples honnêtes hommes qui veulent comprendre ce qu’est une start-up, comment ça marche, comment ça réussit, qu’est-ce que sont ces étranges entreprises du « numérique » et pourquoi ça fonctionne si bien dans la Silicon Valley. Vous comprendrez tout cela, et bien plus encore, en lisant de livre de Jean-Baptiste Rudelle.
Mieux, non content d’apprendre énormément, vous passerez un bon moment. On m’avait dit…, une fois commencé, ne se lâche plus. Le livre est bien écrit ; bien construit. Il raconte à la première personne les aventures du fondateur de Criteo, depuis la création de sa première start-up jusqu’au succès de Criteo. JBR raconte. Il se raconte. Il nous parle de lui parce que la création d’une start-up est une aventure personnelle et que l’on ne comprend l’une qu’à la lumière de l’autre. Surtout, il analyse méticuleusement pour chaque étape de son parcours ce qui a bien fonctionné, ce qui moins bien marché, ce qui a échoué et pour quelles raisons. Il nous entraîne dans les coulisses, celles du capital risque notamment, et ne nous cache rien (autant qu’on puisse en juger…). Il insiste notamment sur ses erreurs, ce qui constitue d’ailleurs l’un des plus précieux enseignements du livre.
Au final, en relatant son expérience par le menu et avec une grande sincérité, Jean-Baptiste Rudelle nous en apprend beaucoup plus sur ce qui fait la réussite d’une start-up que bien des essais et bien des traités de gourou patentés du management.
Iconoclaste ce livre ? Allons bon. La seule chose qui justifie peut être cet épithète est le chapitre ou l’auteur milite pour que les riches – lui compris - paient davantage d’impôts afin de réduire les inégalités. C’est Pikettien en diable – il fait d’ailleurs explicitement référence à Thomas Piketty.
C’est beau, c’est noble et pas nécessairement stupide mais ce n’est pas, à mon avis le meilleur du livre. C’est en effet la seule fois JBR se laisse aller à nous donner son avis sur un sujet qui n’est pas au cœur de son expérience. Il est bien plus intéressant quand il explique pourquoi distribuer des stocks options à tous les employés de l’entreprise, quand il décrit les forces et faiblesses respectives de la France et de la Silicon Valley (où il réside désormais) ou bien quand il explique comment constituer une équipe.
Dernier et important apport de ce livre. Il met, indirectement, en lumière un phénomène extrêmement positif et réjouissant : l’existence d’une « mafia » française du numérique. A bien des moments clés de l’existence de Criteo, Jean-Baptiste Rudelle a trouvé en France, parmi ses relations dans le monde numérique, celui ou celle qui a su lui ouvrir des portes ou lui fournir un conseil décisif. De tels réseaux informels se sont créés de longue date entre start-uppers, financiers et technologues dans la Silicon Valley et sont la véritable clé de sa réussite.
Ces réseaux sont désormais présents en France et chaque nouvelle réussite les renforce. Criteo y participe d’ailleurs activement, s’étant fait un devoir de rendre à la communauté ce qu’il en avait reçu.
Le livre s’achève sur cette phrase : « Et, qui sait, un jour nous aurons, nous aussi, notre Google français ? » Cela ne paraît plus hors de propos et, si c’est le cas, le livre de Jean-Baptiste Rudelle n’y sera pas pour rien. A condition que vous le lisiez…
jeudi 15 octobre 2015
vendredi 18 septembre 2015
Allègement des charges sociales : Louis Gallois, le retour !
Louis Gallois ne lâche pas prise sur l’allègement des charges sociales Dans son fameux rapport, il préconisait un allègement de charges significatif sur les salaires intermédiaires pour relancer la compétitivité de l’industrie française. Il (on) a eu le CICE, crédit d’impôt compétitivité emploi.
Louis Gallois n’est plus Commissaire à l’investissement (il est aujourd’hui président du conseil de surveillance de PSA) mais il reste le président du Think Tank La Fabrique de l’Industrie et comme tel il n’en démord pas : il faut baisser les charges, réaffirme-t-il et, mieux, il enfonce le clou en insistant sur le fait qu’il faut progressivement arrêter de financer la protection sociale par les salaires.
Cela se passait lors du débat organisé par La Fabrique de l’Industrie et Coe-Rexecode le 17 septembre, débat auquel participait Louis Gallois aux côtés de quelques économistes distingués (voir en fin d'articles).
Thème du débat : « CICE, Pacte de responsabilité… : Quels sont les effets des allègements du coût du travail sir la compétitivité de l’emploi ? »
Prétexte de la conférence : le livre « Allègement du coût du travail – Pour une voie favorable à la compétitivité française », réalisé par Gilles Koléda à la demande de La Fabrique.
Ce livre, avec force études et simulations à l’appui affirme que le plus efficace en terme de compétitivité – je fais court - est l’allègement des charges sur les salaires intermédiaires (entre 1,6 et 3,5 fois le SMIC) et non, sur les bas salaires, niveau SMIC ou légèrement au-dessus, comme le voulait jusque-là la pensée (et la pratique) dominante. Ce qui tombe bien puisque c’est justement la thèse de Louis Gallois : « Je pense que la compétitivité est mieux ciblée en faisant profiter les salaires intermédiaires de l’allègement des charges » répétait-il hier.
On pouvait en tout cas apprendre ou se voir confirmer plusieurs points forts intéressants lors du débat.
1. Le CICE n' est qu' un pis-aller. Je n’osais par l’affirmer mais je le pressentais. Le CICE est loin d’être un dispositif très efficace. Sa mise en œuvre est complexe et il a fallu plus d’un an aux entreprises pour se l’approprier. En fait, plusieurs intervenants l’ont confirmé : la seule motivation de ce dispositif type usine à gaz était de ne pas charger outrageusement le budget 2013. Point. La politique a ses raisons que la raison ignore…
2. L’allègement des charges revient au galop. La première phase du CICE s’achève 2016. Et si l’on en croit l’ambiance générale à la conférence, ce qui se profile pour 2017 que ce dispositif ne soit pas reconduit et qu’on en revienne purement et simplement (pas si simplement d’ailleurs…) à la baisse des charges initialement préconisée. D’où le forcing du camp des partisans de l’allègement sur les salaires intermédiaires pour faire partager leur vision.
3. Il y a une logique de long terme avec l’allègement des charges. Louis Gallois a ainsi clairement laissé entendre que, pour lui, la question de savoir s’il fallait baisser les charges ne se posait pas, « Ce qui compte est de trouver le moyen le plus efficace. » Clairement, il pense la notion de protection sociale financée par les salariés n’est plus d’actualité. Elle doit être financée par tous (via la TVA ou la CSG).
Il y a une vraie logique de long terme derrière ce point de vue. L’abondance du travail salarié qui justifiait hier qu’il soit taxé, n’est plus là et risque de l’être toujours moins avec ce que promet la numérisation généralisée, les usines hyper automatisées et les nouvelles formes de travail à venir. Autrement dit, il est temps de trouver d’autres vaches à lait pour financer la protection sociale, le filon du salariat étant désormais presque épuisé
*Les intervenants à la conférence
Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Statégie
Eric Heyer, directeur de département analyse et prévision de l’OFCE
Gilles Koléda, ex directeur des études de Coe-Rexecode
Jean-François Ouvrard, directeur des études de Coe-Rexecode
Louis Gallois n’est plus Commissaire à l’investissement (il est aujourd’hui président du conseil de surveillance de PSA) mais il reste le président du Think Tank La Fabrique de l’Industrie et comme tel il n’en démord pas : il faut baisser les charges, réaffirme-t-il et, mieux, il enfonce le clou en insistant sur le fait qu’il faut progressivement arrêter de financer la protection sociale par les salaires.
Cela se passait lors du débat organisé par La Fabrique de l’Industrie et Coe-Rexecode le 17 septembre, débat auquel participait Louis Gallois aux côtés de quelques économistes distingués (voir en fin d'articles).
Thème du débat : « CICE, Pacte de responsabilité… : Quels sont les effets des allègements du coût du travail sir la compétitivité de l’emploi ? »
Prétexte de la conférence : le livre « Allègement du coût du travail – Pour une voie favorable à la compétitivité française », réalisé par Gilles Koléda à la demande de La Fabrique.
Ce livre, avec force études et simulations à l’appui affirme que le plus efficace en terme de compétitivité – je fais court - est l’allègement des charges sur les salaires intermédiaires (entre 1,6 et 3,5 fois le SMIC) et non, sur les bas salaires, niveau SMIC ou légèrement au-dessus, comme le voulait jusque-là la pensée (et la pratique) dominante. Ce qui tombe bien puisque c’est justement la thèse de Louis Gallois : « Je pense que la compétitivité est mieux ciblée en faisant profiter les salaires intermédiaires de l’allègement des charges » répétait-il hier.
On pouvait en tout cas apprendre ou se voir confirmer plusieurs points forts intéressants lors du débat.
1. Le CICE n' est qu' un pis-aller. Je n’osais par l’affirmer mais je le pressentais. Le CICE est loin d’être un dispositif très efficace. Sa mise en œuvre est complexe et il a fallu plus d’un an aux entreprises pour se l’approprier. En fait, plusieurs intervenants l’ont confirmé : la seule motivation de ce dispositif type usine à gaz était de ne pas charger outrageusement le budget 2013. Point. La politique a ses raisons que la raison ignore…
2. L’allègement des charges revient au galop. La première phase du CICE s’achève 2016. Et si l’on en croit l’ambiance générale à la conférence, ce qui se profile pour 2017 que ce dispositif ne soit pas reconduit et qu’on en revienne purement et simplement (pas si simplement d’ailleurs…) à la baisse des charges initialement préconisée. D’où le forcing du camp des partisans de l’allègement sur les salaires intermédiaires pour faire partager leur vision.
3. Il y a une logique de long terme avec l’allègement des charges. Louis Gallois a ainsi clairement laissé entendre que, pour lui, la question de savoir s’il fallait baisser les charges ne se posait pas, « Ce qui compte est de trouver le moyen le plus efficace. » Clairement, il pense la notion de protection sociale financée par les salariés n’est plus d’actualité. Elle doit être financée par tous (via la TVA ou la CSG).
Il y a une vraie logique de long terme derrière ce point de vue. L’abondance du travail salarié qui justifiait hier qu’il soit taxé, n’est plus là et risque de l’être toujours moins avec ce que promet la numérisation généralisée, les usines hyper automatisées et les nouvelles formes de travail à venir. Autrement dit, il est temps de trouver d’autres vaches à lait pour financer la protection sociale, le filon du salariat étant désormais presque épuisé
*Les intervenants à la conférence
Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Statégie
Eric Heyer, directeur de département analyse et prévision de l’OFCE
Gilles Koléda, ex directeur des études de Coe-Rexecode
Jean-François Ouvrard, directeur des études de Coe-Rexecode
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